C’est donc sur la question du voile que le gouvernement est en train de se déchirer. Étonnant, non ? En coulisses, ce mardi 18 mars 2025 et depuis quelques jours, une crise gagne les rangs de plusieurs ministres sur le port du voile dans le sport.
En cause, les propos de Marie Barsacq ministre des Sports, qui mettait en garde contre les « confusions » et les « amalgames » entre port du voile et radicalisation dans le sport après le vote d’une proposition de loi au Sénat interdisant le voile dans les compétitions sportives. Proposition soutenue par le ministre auprès du ministre de l’Intérieur François-Noël Buffet.
Pas « une priorité »
Mais Marie Barsacq, auditionnée en commission à l’Assemblée, estimait que « les sujets de radicalisation dans le sport sont un autre sujet que celui du port du voile et d’insignes religieux ».
L’objectif du ministère des Sports est de donner l’accès à la pratique sportive à tous et toutes, et nous avons aussi la conviction que le sport est un outil d’émancipation pour tous et toutes.
Par ailleurs, selon elle, ce n’est pas une « priorité » que d’examiner ce texte, qui n’a pas encore été soumis au suffrage de l’Assemblée nationale.
Fritures sur la ligne
En tout cas, Marie Barsacq, novice de la politique, a créé du remous au sein de l’exécutif où deux positions s’affrontent. Un premier lieu, celle de la ministre des Sports, soutenue par la ministre de l’Éducation, Élisabeth Borne.
Sur les antennes de franceinfo, ce lundi 17 mars 2025, l’ex-Première ministre affirmait que « c’est aussi la responsabilité des fédérations de définir leur règlement intérieur », mais se disait consciente « qu’il peut y avoir de l’entrisme dans les clubs sportifs et il faut être très vigilant ».
Débat de longue de date et qui divise le sport français, le voile est aujourd’hui interdit dans certaines disciplines comme le foot, mais est autorisé au handball par exemple.
Un trio aux intentions à peine voilées
De l’autre côté du terrain, Bruno Retailleau, à l’Intérieur, Gérald Darmanin, à la Justice, et Aurore Bergé, chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes. Un trio offensif, pour un seul but : interdire le voile sur les terrains de sport.
Auprès du Parisien, le premier a insisté sur un « désaccord radical » avec Marie Barsacq.
Je lui rappelle que le Sénat a voté la proposition de loi sur la laïcité dans le sport. Le gouvernement y était favorable et l’est toujours. Le fondamentalisme n’a aucune place dans le sport.
Le garde des Sceaux de son côté aurait menacé de démissionner. L’entourage de Gérald Darmanin indique à actu.fr que le ministre de la Justice « est contre le port du voile dans les compétitions sportives ».
C’est sa conviction profonde qui doit être respectée. Il n’y a pas de chantage à la démission et la question ne pose pas tant que la ligne du gouvernement n’est pas la remise en cause de l’interdiction du voile dans les compétitions sportives.
Pas de chantage à la démission, mais les intentions sont assez claires.
« Une seule ligne »
François Bayrou a convoqué les ministres concernés pour leur rappeler la ligne de Matignon.
Lors des questions au gouvernement ce mardi, c’est Aurore Bergé, ministre chargée de la lutte contre les discriminations, qui est sortie du bois, précisant qu’il y a « une seule ligne au sein du gouvernement » sur la question du voile dans le sport.
À savoir : « Pas de signe religieux ostentatoire dans les compétitions sportives. »
« Cette ligne est très claire, c’est le soutien à la proposition de loi amendée qui a été portée au Sénat » et « elle dit explicitement qu’il n’y a aucun signe religieux ostentatoire qui doit pouvoir être porté dans les compétitions sportives », a-t-elle ajouté devant les députés.
Auprès de l’AFP, ce mardi, Marie Barsacq la ministre des Sports, rentre dans le rang et assure être sur la même ligne que le gouvernement, à savoir soutenir la proposition de loi.
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