Cela fait plus de 30 ans que, lors du premier week-end du printemps, le Groupe Institut de Genech (Nord) attire des milliers de visiteurs. Les réputées journées portes ouvertes de l’école dédiée à toutes les dimensions agricoles se sont tenues en mars 2025. Une édition particulière, puisque la structure fête ses 130 ans cette année. Retour sur son histoire et celle du lieu, historique, qui nous fait remonter jusqu’au XIIIe siècle !
Plus de 4000 élèves et 400 salariés
Le succès rencontré en 2025 a été d’autant plus complet qu’il s’agissait de fêter le 130e anniversaire de la fondation de ce « campus à la campagne », devenu une incontournable institution privée en France et au-delà. Les personnels (400 salariés), les « apprenants » (plus de 4000), les parents, les Anciens élèves/« alumni » (listing de 17 000 adhérents), l’Association des personnels retraités (Aprig) etc. y ont contribué pleinement en préparant avec soin les deux jours de cette édition symbolique.
L’animal et le végétal règnent
Ce rendez-vous annuel dans le fertile Pévèle au sud-est de Lille, de nombreuses familles rurales, mais de plus en plus citadines, ne le rateraient pour rien au monde ! Une sorte de mélange – inimitable, haut en couleurs, pour tous les goûts – de kermesse (en très grand), de foire agricole (expo de matériels), de forum d’informations/inscriptions dans les nombreuses filières d’enseignement, messe à l’Agora (présidée par le doyen de Templeuve), marché des producteurs, guinguettes, concert-chorale dans l’amphi, animations tous publics, visites guidées des 60 ha du domaine en petit train, ou en carriole tirée par des chevaux « trait du Nord », visite des internats, découverte des vastes serres (650 m2 de plantes de collection), de la presse à jus de pomme, de l’élevage laitier (vaches Holstein et Flamandes), ovin (50 brebis de race boulonnaise), concours de génisses, vente de plants, conférences, la ferme pédagogique et la ferme équestre de la Raterie, devenue immense avec ses annexes (35 chevaux d’instruction) etc.
Le village historique
L’Institut avait édité un programme, distribué gratis à l’entrée, pourvu d’un indispensable plan du site, divisé pour la circonstance en plusieurs « villages » : village-paysage, élevage, équestre, international, vie scolaire, vie pastorale, vie sportive etc. Il était situé juste entre l’ancienne basse-cour seigneuriale – dite la » cour des origines 1895 « ), derrière la belle entrée monumentale à pigeonnier-porche, et les vestiges des douves en eau du château disparu. Une conteuse dunkerquoise, Christine Charpentier, accompagnée d’un joueur d’orgue de barbarie chantait ou racontait des histoires, des légendes, inspirées d’interviews menées les jours précédents des souvenirs d’anciens élèves et d’anciens professeurs.
Parmi jeux flamands, brocante, théâtre de marionnettes etc. une exposition de photos de classes remémorait les visages d’anciens camarades, devenus grands-parents ! Éclats de rire et soupirs de nostalgie garantis !
Le passé lointain : un fief du XIIIe siècle
En discutant avec les érudits rencontrés, l’histoire de ce fief remonterait à Hugues II d’Antoing (1204-1270), prévôt héréditaire de Douai, époux de Marie de Cysoing, dame de Genech. La chapelle du château médiéval aurait abrité jusqu’à̀ la Révolution une relique du « chef » de sainte Hélène, mère de l’empereur Constantin, rapportée de Terre sainte par un chevalier pévélois… Ce fief fut restauré par Maximilien de Sainte-Aldegonde, baron de Noircarmes, vicomte de Wisques, gouverneur de l’Artois, chevalier de la Toison d’Or, premier maître d’hôtel des archiducs Albert et Isabelle, décédé en 1635 à Saint-Omer. Cette famille possédait Genech (écrit jadis Genetz ou Genêts) depuis le XVe siècle, l’ayant reçue par mariage d’Isabeau Blondel de Joigny, décédée centenaire, dit-on, en 1479.
Le dernier seigneur de Genech, François-Balthazar, comte de Sainte-Aldegonde-Noircarmes, né en 1733 à Lille, mourut en émigration en 1808. Il eut de son épouse, Marie-Amélie Bady de Pont d’Aymeries, trois fils et une fille qui s’allièrent à des familles ducales et ne revinrent jamais dans ce domaine vendu comme « Bien national » en 1791.
Le passé plus récent
Le château fut restauré vers 1784 par l’architecte lillois Jacques Lesaffre (1731-1803). Mais, lors de la Révolution, déserté par ses propriétaires partis en émigration, il fut incendié, dit-on, par les troupes autrichiennes durant le siège de Lille (octobre 1792) ; ses matériaux furent peu à peu pillés par les villageois. Dès 1801, il n’en restait plus pierre sur pierre.
La grande ferme, elle, fut épargnée et demeura telle qu’était avant la Révolution, lorsque Félix Dehau, maire de Bouvines, conseiller général du Nord, l’acheta en 1887 avec toutes les terres alentour. En 1893, il décida d’en faire une Ferme-école avec l’aide de l’Institut catholique de Lille et de l’archevêché (qui se trouvait alors à Cambrai).
Les troupes allemandes durant la Première guerre mondiale firent beaucoup de dégâts aux vieux bâtiments d’exploitation. Félix Dehau fit restaurer ou construire avec l’architecte Paul Vilain des bâtiments dont une chapelle, toujours visibles.
Jusqu’en 1981, année du décès de l’abbé Jean Deffontaines, tous les directeurs de cette école furent des prêtres. Cette histoire est narrée dans un livret confectionné par les responsables de l’Aprig (Jean Duby, Marie-Paule Delebecque et Bernard Descamps), tous fidèles « piliers » de la mémoire de l’Institut de Genech.
Jean-Louis Pelon
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