La commune rurale de Bédarieux, dans les hauts cantons de l’Hérault, abrite des trafics de toutes les drogues, comme de précédentes affaires l’ont attesté. Une nouvelle démonstration est apportée par un jugement du tribunal correctionnel de Béziers rendu vendredi 28 février 2025 avec la condamnation de la tête présumée d’un réseau à quatre ans de prison, dont trois avec sursis probatoire, à la suite d’un coup de filet lancé récemment.
Dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte en novembre 2024 sous l’autorité du parquet de Béziers, les gendarmes de la communauté de brigades de Bédarieux mettaient à jour un trafic de stupéfiants, notamment de cocaïne, d’héroïne et de cannabis avec un point de deal dans la commune. « Les investigations permettaient d’identifier et d’auditionner seize consommateurs, de localiser le lieu de vente dans l’appartement du principal mis en cause, lequel se rendait régulièrement en Espagne pour se fournir en produit stupéfiants. Il se faisait alors transporter par des connaissances, n’étant pas lui-même titulaire du permis de conduire », révèle ce mercredi 5 mars, Raphaël Balland, le procureur de la République de Béziers.
Le 15 janvier 2025, ce dealer âgé de 40 ans était interpellé sur une aire de l’autoroute A9 en revenant d’Espagne, accompagné de deux autres individus. Il était découvert sur lui 92g d’héroïne et 12g de cocaïne, puis 254g de résine de cannabis à son domicile. « Le même jour, un dispositif important de la gendarmerie permettait d’interpeller six autres personnes suspectées d’avoir conduit ou accompagné le mis en cause principal en Espagne, ce que trois d’entre eux reconnaissaient. Des petites quantités de produit stupéfiants étaient retrouvées chez chacun d’entre eux se déclarant presque tous consommateurs habituels d’héroïne ou de cocaïne. Il reconnaissait les faits reprochés, expliquant financer ainsi sa consommation personnelle », poursuit le procureur.
« Descente aux enfers »
À l’issue des gardes-à-vues, le parquet décidait de faire juger six personnes en comparution immédiate le 17 janvier 2025. Le dossier ayant été renvoyé, trois prévenus étaient placés en détention provisoire et les trois autres placés trois sous contrôle judiciaire dans l’attente du procès, qui s’est tenu le 28 février. Au cours de l’audience, l’un d’eux décrivait précisément les effets de la consommation d’héroïne, expliquant la spirale de l’addiction et sa « descente aux enfers ».
L’organisateur du trafic, déjà condamné deux fois en 2012 et 2016 pour des faits similaires, écopait de quatre ans d’emprisonnement, avec maintien en détention, dont un an assorti d’un sursis probatoire, avec notamment l’interdiction de paraître à Bédarieux pendant deux ans à l’issue de sa détention et de 20 000€ d’amende. « En revanche, le tribunal ne prononçait pas la confiscation de l’appartement saisi au cours de l’enquête et dans lequel il avait organisé son trafic, comme le parquet l’avait requis », indique Raphaël Balland.
Un prévenu était relaxé au bénéfice du doute et le tribunal condamnait les quatre autres prévenus à des peines allant de quatre mois d’emprisonnement assorti d’un sursis probatoire jusqu’à dix-huit mois d’emprisonnement, dont douze mois assortis d’un sursis probatoire. Les condamnés ont un délai de dix jours pour interjeter appel.
Importe opération de gendarmerie
Le Plan d’action départemental de restauration de la sécurité au quotidien – PADRSQ – qui succède aux « Places nettes » pour lutter contre le narcotrafic, lancé récemment par le préfet en zone de la police nationale, à Montpellier, se décline également dans le groupement de gendarmerie de l’Hérault et c’est Bédarieux qui a inauguré la première opération avec, comme le souligne les militaires sur les réseaux sociaux « une vague bleue », ce lundi 3 mars.
Les contrôles effectués par quelque 90 gendarmes de diverses unités de la compagnie de Béziers, assistés d’un chien renifleur en stups et de l’hélicoptère de la section aérienne de Montpellier ne sont pas passés inaperçus, sur la voie publique et dans des commerces. Le bilan n’a pas été communiqué, mais si les saisies de drogue sont ciblées, il s’agit également de montrer à la population la présence des gendarmes – comme des policiers nationaux dans les cités urbaines – dans cette lutte quotidienne, une des priorités du préfet de l’Hérault et ce en dehors des enquêtes de longue haleine.
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