Avis de tempête à la Métropole de Lyon : à un an des élections municipales et métropolitaines 2026, les couteaux sont sortis rue du Lac pour le dernier budget des élus écologistes avant le lancement de la campagne. Après avoir présenté un budget 2025 très contrarié avec des économies à la clé, le président écologiste Bruno Bernard doit affronter une grève inédite dans la collectivité, de fortes critiques de son opposition, des inquiétudes du monde économique, des critiques dans sa majorité… Malgré tout, le budget a été adopté.
Un budget critiqué y compris à gauche
Après les annonces de Bruno Bernard vendredi devant la presse, le budget métropolitain a été adopté lundi par 82 voix pour, 65 contre.
Lors d’une conférence de presse vendredi, l’élu a détaillé les mesures d’économies. Moins d’argent pour la culture, pour le sport professionnel, des réductions de postes dans les effectifs, le développement économique et une hausse légère des impôts pour les entreprises.
Au total 60 millions d’euros d’économies au lieu des 100 millions imaginées sous le gouvernement Barnier. La Métropole a voté un budget total de 3,9 milliards d’euros.
« On poursuit sur les Voies lyonnaises sans se poser de question »
Le budget a été critiqué par l’opposition mais aussi dans la majorité de gauche. La conseillère métropolitaine Nathalie Perrin-Gilbert regrette un budget « caricatural » : « on poursuit sur les Voies lyonnaises sans se poser de question », tacle-t-elle. « Il sera compliqué demain d’appeler à l’union de la gauche après l’avoir ignoré pendant 5 ans, il est compliqué de nous demander d’adopter un budget auquel vous ne nous avez pas associés une seule fois en amont », regrette l’élue en s’adressant à Bruno Bernard.
Son groupe La Métropole en commun s’est abstenue sur le budget, sans voter contre. Chez les Insoumis, on a aussi voté le budget mais on a exprimé le soutien aux grévistes de la Métropole en insistant sur leur combat légitime.
« Le Titanic », « un mur », « un naufrage », « aveu d’échec »
Sans surprise dans l’opposition de droite, du centre ou de centre gauche, on tape des deux pieds sur le budget 2025.
Pour Gilles Gascon (LR), patron du premier groupe d’opposition, l’exécutif écologiste se « prend un mur », pour Véronique Sarselli cheffe de file de la droite pour les élections métropolitaines, le budget est un « aveu d’échec », « un naufrage » qui est « fait de coupes brutales et de hausses d’impôt dissimulées » et « qui reste à un demi-milliard d’euros pour les Voies lyonnaises alors que des besoins essentiels sont laissés de côté ».
L’élu de centre gauche de Villeurbanne Didier Vullierme évoque carrément le « Titanic ».
Des agents de la Métropole en grève
Sur fond d’économies budgétaires, une grève s’est aussi invitée au conseil métropolitain de ce début de semaine.
Sur les 9 671 agents que compte la Métropole début 2025, plus de 300 postes sont concernés par des mesures d’économies, de quoi provoquer la colère des syndicats. Environ 300 agents ont manifesté lundi devant le siège du Grand Lyon et le taux de gréviste s’est élevé à seulement 4,3%.
Mais cet appel à la grève d’une large intersyndicale (UNSA, UFICT/CGT, CFDT, CFTC, SNT-CFE/CGC, FO, SUD, FA et UNICAT) peut faire effet boule de neige et se durcir d’ici les élections métropolitaines.
La ZFE continue de diviser, le déménagement de la gare routière critiqué
Autres sujets inflammables évoqués durant le conseil lundi : l’application de la Zone à faibles émissions (ZFE). Trois groupes d’opposition ont déposé un vœu pour demander au gouvernement revoir la mise en place de la ZFE (rejeté avec 58 voix pour, 76 contre). Un sujet visant les automobilistes largement exploité par les oppositions en pré-campagne.
Autre sujet de discorde : le déménagement provisoire de la gare routière de Perrache vers Gerland pour 3,5 millions d’euros.
« Vous le regrettez, je le regrette aussi », répond Bruno Bernard
Du côté de l’exécutif écologiste, on défend ses choix. « On diminue des dépenses, vous le regrettez, je le regrette aussi », a concédé Bruno Bernard au conseil.
« Tout serait la faute des Voies Lyonnaises, dont l’investissement prévu était de 282 millions d’euros, tandis que l’investissement réel sera de 200 millions puisque nous reportons certaines parties », a-t-il complété en revenant sur les reports de chantiers déjà annoncés en décembre dernier.
« L’inquiétude de nos agents est légitime », a aussi répondu Bruno Bernard sur la grève tout en défendant des « améliorations du cadre de travail avec la semaine de 4 jours et des mesures de sport/santé au travail ». Des sujets qui vont provoquer encore de vifs débats jusqu’aux élections du printemps prochain…
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