C’est un détail qui pourrait tout changer lors des prochaines élections municipales à Lyon en 2026. Début avril 2025, les députés ont adopté en première lecture une proposition de loi réformant le mode de scrutin des grandes villes à arrondissements, dites « PLM » (Paris, Lyon, Marseille). La mesure doit encore être débattue au Sénat d’ici juin.
En ligne de mire : un système jugé trop complexe, peu transparent, et parfois déséquilibré. On vous explique concrètement ce que ça pourrait changer.
Une loi imparfaite depuis 1982
À Lyon, depuis la promulgation de la loi PLM en 1982, le maire n’est pas élu directement par les habitants, mais désigné par le conseil municipal, issu lui-même d’un jeu d’alliances entre listes d’arrondissement.
En 2020, les électeurs ont voté dans chaque arrondissement pour une liste de conseillers, et les élus du haut de la liste sont partis siéger à la fois au conseil d’arrondissement et au conseil municipal.
La loi PLM avait pour ambition de garantir un équilibre entre les mairies centrales et les mairies d’arrondissement. Mais elle a montré ses limites : un maire peut être élu en étant minoritaire à l’échelle de la ville, ou remporter la mairie grâce à des arrondissements clefs, comme à Marseille en 2020.
Une multiplication des urnes
Le texte porté par Sylvain Maillard (député Renaissance soutenu par le camp présidentiel) propose une réforme profonde : rétablir un scrutin plus direct avec une logique voulue plus lisible pour les électeurs.
Troisième ville de France, Lyon fait figure d’exception avec la particularité de sa Métropole, collectivité à statut particulier qui complexifie encore le scrutin. Le député MoDem Jean-Paul Matteï (Pyrénées-Atlantiques) avait déposé un amendement « visant à exclure Lyon du champ de la réforme » face à la multiplication des urnes, mais ses pairs ne l’ont pas adopté.
Conséquence à Lyon en 2026 : trois urnes dans les bureaux de vote. Les électeurs devraient élire séparément le maire de la Ville, la liste de leur arrondissement, et une liste métropolitaine en vue de l’élection du président de la Métropole.
Plus d’opposition à la mairie
Actuellement, les sièges du conseil municipal à Lyon et partout en France sont répartis de manière proportionnelle, avec une prime majoritaire de 50 % à la liste arrivée en tête. De quoi faire en sorte d’offrir au maire élu une majorité écrasante.
L’article voté propose d’abaisser à 25% la prime majoritaire pour la liste arrivée en tête. Un choix qui vise à mieux répartir les sièges entre majorité et opposition.
À quoi serviront les arrondissements ?
Des partis comme LFI, le RN ou les socialistes marseillais soutiennent la réforme. D’autres, comme le PS ou les écologistes à Paris, craignent une perte de lien entre mairies d’arrondissement et mairie centrale.
Les opposants craignent que la mairie centrale absorbe trop de pouvoirs, affaiblissant le rôle de proximité des arrondissements, alors que le mandat est déjà très centralisé. Cette réforme ferait tendre encore la bascule du côté de la mairie de Lyon versus ses arrondissements.
« Je veux rappeler l’importance des mairies d’arrondissement, qui doivent être davantage au cœur de l’action politique locale. Elles sont un relais essentiel pour l’accès aux droits, la petite enfance, le périscolaire… Les affaiblir, c’est affaiblir la République« , attaque Sandrine Runel, députée PS et ancienne adjointe au maire de Lyon.
La députée a par ailleurs déposé une autre proposition de loi en mars dernier visant à mieux répartir les 73 conseillers municipaux de Lyon entre les arrondissements, recalculés en fonction du nombre d’habitants… dont la dernière mise à jour datait de 1982.
« Une manœuvre politique » dénoncée
Si le texte est présenté comme une avancée démocratique, la majorité municipale de Lyon y voit une manœuvre politique à moins d’un an des élections. Sandrine Runel dénonce une réforme « précipitée, mal préparée et sans concertation ».
La loi PLM a effectivement besoin d’évolution, […] mais cette évolution ne doit pas se faire au travers d’un projet de loi éclair et mérite du temps, du sérieux, et surtout, de la concertation avec les villes concernées et ses acteurs.
« Une revanche, pas une réforme » : le maire de Lyon Grégory Doucet et son opposant LR Pierre Oliver accusent tous deux le camp présidentiel de vouloir modifier le mode de scrutin à des fins de « tripatouillage électoral ».
« Changer les règles quand elles ne leurs sont pas favorables, voilà un état d’esprit qui s’inscrit complètement dans la continuité de la politique macroniste menée depuis huit ans », tance la députée socialiste.
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