Ce maire emblématique de Marmande raconte comment le sport a influencé la politique

Dans certaines communes, le sport peut prendre une place toute particulière. À Marmande (Lot-et-Garonne), c’est le cas avec près de 80 clubs de sport qui reçoivent 50 % du budget total aux associations. Une particularité dont les origines remonteraient, pour certains, à l’époque de Gérard Gouzes, maire pendant 31 ans, de 1983 à 2014.
 » Si vous ne donnez pas équitablement, vous pouvez vous faire incendier et ça devient alors un inconvénient d’aider le sport. » explique le principal intéressé que nous avons rencontré et qui nous parle de son œuvre politique et du lien existant avec le sport, de l’attribution des subventions au développement indirect d’un certain réseau.

Les subventions aux associations, le nerf de la guerre 

« Il n’y avait pas grand-chose quand je suis arrivé », explique Gérard Gouzes qui énumère les différentes salles et stades qu’il a faites construire ou rénover lors de ses mandats de maire.

Il n’y a rien de mieux que le sport pour unifier les gens, et ça donne une bonne image de la ville.

Rien de mieux pour être réélu aussi ? « Je n’ai pas fait ça par stratégie politique », se défend l’ancien député socialiste qui admet que ça a pu peser indirectement dans la balance aux moments des élections. « Certainement oui, ça m’a servi. »

C’est bien connu, le nerf de la guerre, y compris dans le sport, c’est l’argent. Dans les coulisses de l’attribution des subventions aux clubs de sport, l’Office municipal des Sports créé sous Gérard Gouzes en 1990. « Ça permettait de contrôler pour ne pas dire qu’on donnait trop à un tel et pas assez à un autre » révèle l’ancien maire. « Là, ils étaient tous autour de la table. » 

Devenu une association, l’Office Marmandais du Sport fonctionne avec un comité directeur composé d’une quinzaine de membres élus issus des différents clubs de sport mais aussi des élus de la majorité comme de l’opposition. Il se réunit au moment de l’attribution des subventions aux clubs de sport et donne un avis consultatif. Plusieurs facteurs entrent en compte : le nombre d’adhérents du club, son niveau, ses projets pour les jeunes, etc.

Le maire et le réseau sportif : le style Gérard Gouzes

Au-delà des subventions, il existe des dépenses indirectes allouées au mouvement sportif grâce à la mise à disposition des équipements et la prise en charge des dépenses énergétiques mais aussi par les mises à disposition d’agents.

Au niveau des employés municipaux, je choisissais des joueurs de foot ou de rugby. C’était un moyen de les garder. 

Des éducateurs comme des joueurs qui permettaient d’avoir un certain niveau de performance dans les clubs et qui étaient forcément proches de la mairie. Un atout au moment des échéances électorales ? « Oui, ça a pu jouer » , explique en toute transparence Gérard Gouzes qui se défend encore d’une quelconque stratégie électorale.

Le maire a aussi un rôle a joué avec sa présence aux assemblées générales et rencontres sportives. Et il n’est pas anodin de voir par exemple aujourd’hui, lors du gros derby entre le BBM et le GAB, toute la classe politique assise au premier rang.

Je pense que ça fait partie des missions quand on est maire. Ce qu’il ne fallait pas faire avec moi, c’est de me dire qu’on ne voterait pas pour moi parce que je n’avais pas accédé à une demande. Là c’était terminé !

S’il avoue avoir un style bien a lui, Gérard Gouzes a marqué de son empreinte le sport au point d’avoir légué indirectement à ses successeurs, une toile associative dont les intérêts peuvent parfois dicter l’agenda politique pour quiconque voudra briguer le siège de maire.