Home Sports « À Toulon, nous voulions punir physiquement les académiciens du rugby »

« À Toulon, nous voulions punir physiquement les académiciens du rugby »

7
0



C’est le choc 100% français et tant attendu de ces quarts de finale de Champions Cup ! Toulon reçoit Toulouse au stade Mayol ce dimanche 13 avril. Une rencontre entre deux grands clubs du rugby français. Yann Delaigue est passé par le RCT et le Stade Toulousain durant sa carrière entre les années 90 et 2000. Le demi d’ouverture aux 20 sélections avec les Bleus a partagé ses souvenirs toulonnais lors des rencontres face aux Toulousains. 

La rivalité entre Toulon et Toulouse

Actu : Comment pouvez-vous caractériser la rivalité entre Toulon et Toulouse à travers l’histoire du rugby ?

Yann Delaigue : Beaucoup de joueurs ont joué dans les deux clubs. Du côté Toulousains, il y a Frédéric Michalak ou Vincent Clerc. Pour les Toulonnais, il y a Christian Califano, Yoann Maestri, Gaël Fickou ou moi-même. Ces deux clubs ont beaucoup de respect avec deux villes qui sont passionnées de rugby. Pour avoir vécu dans les deux cités, la vie tourne autour des résultats des clubs. C’est très identifié. Quand tu vas chez les commerçants, les gens t’en parlent et sont concernés. Ce sont les points communs de ces deux équipes.

S’il existe ce point commun, quelles différences alimentent la rivalité entre les deux clubs ?

Y. D. : L’identité des deux clubs participe aussi au charme de cette rivalité. À Toulon, l’identité est basée sur le combat, sur le jeu des avants et l’agressivité. Toulouse est le contre-pied de cela avec un système et une philosophie de jeu basé sur l’évitement et un ballon vivant à travers la circulation. La culture du jeu est vraiment différente. C’est ce qui explique le respect entre les deux équipes qui ne sont pas sur le même credo de valeurs.

Quand vous avez joué face à Toulouse en tant que Toulonnais, quel était l’ambiance dans les vestiaires avant la rencontre à l’époque ?

Y. D. : Je ne pense pas qu’il y ait du changement aujourd’hui. Les leviers de motivation doivent être similaires. Toulouse était déjà un très grand club. Depuis Toulon, les Toulousains étaient les académiciens du rugby. Comme équipe du sud-est un peu esseulée par rapport au sud-ouest où le rugby était développé, on avait l’impression d’être seul contre tous. Il fallait défier ce club toulousain considéré comme des donneurs de leçon de rugby. À Toulon, nous voulions physiquement les punir et leur prouver que ce ne sont pas forcément les maîtres du rugby. Ces leviers de motivation doivent toujours être là et Pierre Mignoni doit sûrement les utiliser pour motiver ses troupes.

Le pouvoir du stade Mayol 

En quoi jouer au stade Mayol est particulier à la fois pour les Toulonnais et pour l’adversaire ?

Y. D. : C’est un stade historique pour les personnes de mon époque. Aujourd’hui, je ne sais pas si les joueurs ont cette même impression. Ce stade est particulier avec son ambiance. Il est situé en centre-ville donc on peut ressentir l’humeur de la ville quand on arrive au stade. Historiquement, face à Toulon dans ce stade, l’adversaire se doit d’être présent dans l’engagement et dans le combat sinon il peut prendre la marée.

Au niveau du public, les Toulonnais sont des supporters exigeants. Le stade Mayol n’est-il pas aussi une source de pression pour les joueurs du RCT ?

Y. D. : Bien sûr ! C’est un cadre particulier qui transcende et notamment sur les matchs importants. Pour un Toulonnais, c’est un atout de jouer à Mayol. Le public est présent si ça fonctionne bien et que tu réponds présent sur les valeurs ancestrales de la combativité. Mais effectivement, il vaut mieux être dominant car le public peut aussi être très dur.

Les Toulousains peuvent-ils être bousculés par la furia toulounnaise du stade Mayol ?

Y. D. : Je ne sais pas trop. Avant c’était le cas effectivement. Actuellement, les joueurs sont habitués à jouer dans des grands stades avec beaucoup d’ambiance. Ils sont habitués au haut niveau et aux matchs importants avec de la pression. Le Stade Toulousain a de l’expérience avec des rencontres au Leinster ou au Munster. Ces endroits sont chauds. J’ai l’impression que ces joueurs sont aguerris à cette pression. Mais Mayol reste un stade bouillant dans le championnat français.

Le quart de finale de Champions Cup 

Selon vous, quels sont les ingrédients du retour en force du Rugby club de Toulon sur ces dernières saisons ?

Y. D. : Les ingrédients reposent d’abord sur la confiance attribuée à Pierre Mignoni sur le long terme. C’est un club soumis à beaucoup de pression populaire. Au bout de deux matchs perdus, l’entraîneur est déjà en danger. Heureusement, depuis 2022, le président Bernard Lemaître fait confiance à Pierre Mignoni qui a eu le temps de construire son équipe et son jeu. Petit à petit, il a grandi et il a structuré une belle équipe qui joue bien au rugby. Les Toulonnais ont des résultats sur la durée et c’est monté crescendo.

Quels éléments vont faire la différence entre Toulon et Toulouse ce dimanche ?

Y. D. : D’abord, j’ai vu que la météo n’était pas favorable. Il va pas mal pleuvoir. C’est un élément qui peut avoir son importance. Je ne pense pas qu’il y ait beaucoup d’envolées. Je pense que les deux équipes seront au rendez-vous sur l’engagement physique et l’agressivité. Après, le quart de finale devrait se jouer sur la discipline et l’intelligence de jeu. Le match va sûrement être serré.

Vous avez un pronostic ?

Y. D. : C’est difficile de faire un pronostic sur ce match-là. En plus, je ne suis pas bien placé pour le faire (Il rit). Mon coeur est partagé. C’est difficile. Le match va être très tactique. Du fait de la météo, les buteurs seront très importants. Sincèrement, je suis incapable de faire un pronostic sur ce match.



Source link

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here