Habitué aux efforts longs et solitaires, Lucas ne craint pas vraiment les 10 kilomètres. « Pour moi, c’est un bon entraînement », sourit ce trentenaire parisien par téléphone. Alors, dès qu’il peut, il rend service à des amis récemment convertis à la course à pied. « Quand j’ai un pote qui se lance un défi, j’essaie de l’accompagner sur tout le parcours pour l’épauler en cas de besoin. Car c’est important d’être entouré lorsque vous faites votre première course », glisse-t-il. Comme lui, plusieurs personnes décident de s’affranchir de la sacro-sainte règle des dossards. Un fait qui devrait se vérifier à l’occasion du marathon de Paris, ce dimanche 13 avril 2025.
Aider ses amis…
Des Champs-Élysées à la tour Eiffel, en passant par la place de la Nation ou encore Notre-Dame, le plus célèbre rendez-vous des amateurs de running traversera de nombreux lieux emblématiques de la capitale. Au total, 55 000 personnes sont attendues. Parmi elles, des professionnels, des néophytes… Une variété de profils à laquelle devrait se greffer une des passagers clandestins.
En marge des sas de départ, au milieu du tracé, au détour d’un passage compliqué, ils jouent avec les limites. Souvent, sans les dépasser. « En juin 2024, j’ai couru une course de 10 kilomètres avec ma sœur à Paris. Je suis parti en différé. Je passais incognito sur le parcours. Quand j’ai passé la ligne d’arrivée, j’ai été écarté par l’organisation avant l’arrivée. Bien sûr, je n’ai reçu aucune médaille. Mais à chaque fois que je participe à une course, il y a de plus en plus de « sans dossard » », affirme Lucas, 33 ans.
Sur le plan juridique, la participation à une course sans un dossard n’est pas proscrite. Elle est simplement conditionnée à plusieurs règles, selon l’avocat au barreau de Paris, Valentin Simonnet. Sur son site, ce dernier a rappelé que l’utilisation du ravitaillement et la récupération de la médaille pouvaient être passibles d’une amende de 45 000 euros et de 3 ans d’emprisonnement. En revanche, le code pénal ne prévoit aucune infraction en cas d’usage simple d’un parcours délimité. Interrogée par actu Paris, l’organisation du marathon (ASO) n’a pas répondu à nos questions.
Mais selon plusieurs coureurs interrogés, les organisateurs parent à cette éventualité en plaçant des bénévoles avant la ligne d’arrivée pour rappeler les « pirates » à sortir du périmètre. « Avec une connaissance, j’ai fait une partie du marathon de Paris en 2023 sans dossard pour accompagner une amie. On s’est arrêté avant la fin à la demande de bénévoles« , explique Victoria, une Parisienne habituée à épingler des dossards.
« L’idée, c’est pas de terminer avec les marathoniens. C’est leur moment de gloire »
Ce dernier a également prêté main forte à une amie sur des triathlons. « C’était parfois plus compliqué. Les mecs étaient moins sympa que sur les courses à pied », tempère-t-il.
… Et éviter de payer ?
Si la majorité des coureurs sans dossard assurent le faire à des fins solidaires, le coût peut aussi entrer dans l’équation. Exemple : pour participer au marathon de Paris, le dossard représentait un coût de 140 euros par personne. Une somme qui traduit une demande toujours plus importante chaque année. À tel point que les dossards peuvent désormais s’échanger sur les réseaux sociaux dans un spectre de prix assez large.
Selon l’Observatoire du running, plus de 12 millions de personnes épousent le mouvement du running en 2025. Ce chiffre stagne par rapport à 2024. Mais il s’inscrit dans une courbe exponentielle depuis le Covid-19, en particulier pour les coureurs réguliers. 66 % d’entre eux effectuent des sorties régulières, soit huit points de plus en comparaison avec 2023.
Cette assiduité rejaillit sur les marathons. Chaque année, les 42,195 km reliant l’ouest à l’est de la capitale sont avalés à une moyenne plus rapide. Et ce, alors que le nombre de participants n’a plus rien à voir avec les débuts, en 1976, une première édition à laquelle prenaient part 128 personnes.
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