Le tribunal administratif de Caen a validé les conditions de détention de Rédoine Faïd au centre pénitentiaire de Condé-sur-Sarthe (Orne), où l’intéressé a été placé à l’isolement.
Un maintien à l’isolement « surabondant »
Pour rappel, le « roi de la belle » – connu pour ses braquages et pour ses évasions spectaculaires – avait été transféré au centre pénitentiaire de Condé-sur-Sarthe, le 4 mai 2023. Il avait alors saisi la justice pour faire annuler quatre décisions administratives : il contestait dans un premier temps le principe-même de son « transfert » dans l’Orne.
Le ministre de la Justice de l’époque, Eric Dupond-Moretti, avait aussi décidé de prolonger sa « mesure d’isolement » jusqu’au 18 août 2023. Dans la foulée, le centre pénitentiaire de Condé-sur-Sarthe avait décidé, en mai 2023, de limiter les « horaires d’usage du téléphone en cellule » de Rédoine Faïd et de maintenir un « hygiaphone pour les visites aux parloirs familles » pendant trois mois.
Ces décisions s’appuyaient sur des « des faits anciens », avait alors répliqué l’intéressé, et il n’était « pas expliqué pourquoi la couverture médiatique » de ses méfaits était « de nature à créer un risque » pour l’administration pénitentiaire.
Son maintien à l’isolement était « surabondant » compte tenu des « autres mesures » dont il faisait déjà l’objet.
Il se plaint de la « déliquescence » de ses « liens familiaux »
La prolongation de sa mise à l’isolement ne tenait, par ailleurs, pas compte de son « état de santé », faisait valoir son avocat : le braqueur, aujourd’hui âgé de 52 ans, a déjà subi « une vingtaine de changements d’affectation » et « présente un état d’épuisement qui altère ses sens ».
Ce « régime sécuritaire et répressif particulièrement lourd » présente donc un « caractère disproportionné » : il entraîne la « déliquescence » de ses « liens familiaux ».
Mais au final « le changement d’affectation (…) est motivé par le profil pénal et pénitentiaire de M. Faïd, son inscription au répertoire des Détenus particulièrement signalés (DPS) (…) ainsi que l’encombrement du quartier d’isolement de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis où il était précédemment incarcéré », rappelle le tribunal administratif de Caen dans une première décision en date du 14 février 2025 et qui vient d’être rendue publique.
Plus de mille appels téléphoniques
Rédoine Faïd faisait toutefois valoir que sa famille réside à Créteil (Val-de-Marne) et Nogent-sur-Oise (Oise) et qu’il se retrouve donc détenu « à plus de 200 km » de la région parisienne. Il s’estimait donc dans ces conditions empêché de « préparer efficacement sa défense », alors même qu’il doit prochainement comparaitre devant la cour d’assises de Paris : il est « impossible pour un cabinet d’avocat de se rendre disponible envers un client spécifique à des horaires si restreints » – à savoir « entre 8 h 15 et 12 h et 13 h et 17 h 30 ».
Mais « l’historique des parloirs (…) fait apparaître que M. Faïd a bénéficié au 1er juin 2023 de cinq parloirs avec sa famille et de trois parloirs avec ses avocats » et qu’il « a passé plus de 1 000 appels téléphoniques ».
« Entre le 4 mai 2023 et le 13 juin 2023 (…), M. Faïd a passé 200 appels avec ses avocats (…) et il a également pu bénéficier de parloirs avec ses conseils », détaille même le tribunal administratif de Caen.
Ses évasions étaient de simples « permissions de sortir »
« Si la décision (…) est de nature à rendre plus difficile l’exercice par M. Faïd de son droit à conserver une vie familiale en détention, cette situation d’éloignement de moins de 300 km ne peut être regardée comme excédant les contraintes inhérentes à la détention », considèrent encore les juges normands.
La « persistance d’un comportement violent et d’une dangerosité pénitentiaire nécessite une surveillance particulièrement renforcée, en particulier lors des conversations téléphoniques », ajoutent les juges administratifs dans une autre décision rendue le même jour, après avoir égrené les multiples condamnations criminelles de Rédoine Faïd.
« Le requérant a qualifié ses évasions de « permissions de sortir », laissant craindre une potentielle réitération des faits », soulignent encore les juges caennais. « Ses deux évasions de 2013 et 2018 se sont produites à l’occasion d’un parloir. (…) La première (…) a été réalisée à l’occasion d’un parloir où l’intéressé a pris en otage quatre membres du personnel pénitentiaire au moyen d’explosifs, et la seconde (…) à l’occasion d’un parloir avec son frère, lui ayant permis de s’enfuir (…) en hélicoptère aidé par un commando armé. »
« M. Faïd a déclaré lors d’un interview en octobre 2019 à un journaliste de presse écrite : »Je me suis évadé parce que je voulais être libre, et je ne changerai jamais » « , rappelle enfin le tribunal administratif de Caen.
Rédoine Faïd a jusqu’au 14 avril 2025 pour faire appel de ces jugements devant la cour administrative d’appel de Nantes.
Source : CB / PressPepper
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