Le drame de Penguérec, à Gouesnou, fut le plus important massacre de civils de l’été 1944 en Bretagne. Après la guerre, il tomba pourtant dans un oubli relatif dont il peine encore à sortir.
Dimitri Poupon, qui a consacré sa thèse de doctorat à cette tuerie, est revenu sur les causes de son occultation : premièrement, le travail mémoriel est difficile car beaucoup de zones d’ombre subsistent. Il y eut peu de témoins et, tourmente de la guerre oblige, les sources officielles sont rares et sujettes à caution : la seule déposition d’ampleur est due à un secrétaire de mairie qui n’était pas présent au moment des faits.
Deuxièmement, face à l’imminence des combats, le maire de Gouesnou demanda l’évacuation le lendemain du massacre, de sorte que quand celui-ci fut officiellement confirmé, la commune était déjà presque déserte. Les Gouesnousiens avaient donc quitté leur ville sans savoir qu’elle venait d’être le théâtre d’une tuerie et, à leur retour, ils retrouvèrent une commune détruite à 85 % où leur premier souci fut de trouver un toit et de quoi subsister.
Noyé dans la masse
Donc, il n’y avait ni journaliste pour se faire l’écho du drame ni représentant de l’autorité pour demander des comptes à l’Occupant comme ce fut le cas pour Oradour-sur-Glane. Tant et si bien que ce massacre, perpétré le jour même du début du siège de Brest, fut en quelque sorte noyé dans la masse de malheurs qui s’abattirent sur la région durant cette période.
Pour ne rien arranger, aujourd’hui, peu de gens assistent aux commémorations qui tombent en pleines vacances d’été.
Benoît Quinquis
Source : communication de Dimitri Poupon dans le cadre du colloque Les victimes de 1944 en Bretagne, prononcée le 25 octobre 2024.
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