Dans la famille Sugita à Wasquehal (Nord), je demande le père et le fils. L’un s’appelle Ken, l’autre Antoine. Le premier est violoniste reconnu, le second, pianiste qui veut percer. Ils donnent ensemble des concerts novateurs qui veulent révolutionner la musique, à partir de compositions originales. Vous les retrouverez au Touquet (Pas-de-Calais) les 21 et 22 février, et à Valenciennes le 9 mars. Et ce n’est que le début ! Nous avons rencontré ce duo soudé qui veut partager sa complice tendresse et un concept musical original.
Le piano a une bonne place dans la salle à manger familiale. Pour les Sugita, on joue de la musique comme on mange, avec gourmandise. C’est là où le duo père fils répète, l’un au violon, l’autre au piano.
Dans la famille Sugita, je demande le père et le grand-père
Ken Sugita est peut-être un nom qui vous dira quelque chose : il a fait partie de l’Orchestre national de Lille pendant 41 ans, en tant que violoniste ! Son père était lui-même un grand pianiste connu internationalement, Tanimichi Sugita. Très tôt, le petit Ken doit suivre le chemin du paternel, dès l’âge de 3 ans ! « À 6 ans, j’étais sur scène avec mon père dans le monde entier », se souvient-il.
Il vit aux États-Unis, puis, arrivé en France en 1982, Ken Sugita fonde une famille et intègre l’ONL en 1983. Il aime aussi créer, puisqu’il a composé une pièce de théâtre, Paul de Tarse, en 1995 !
Le classique et le jazz
Le violoniste vient tout juste de prendre sa retraite. Mais ce passionné, né au Japon et élevé au biberon de la musique, continue de balader son violon dès qu’il le peut. Son style musical préféré, c’est le jazz ! Il prend d’ailleurs toujours des cours à Tourcoing. Étonnant pour un violoniste qui a fait partie d’une formation classique toute sa vie ? Pas du tout. « J’ai découvert le jazz quand j’étais lycéen en Californie, c’est ma bouffée s’oxygène ! »
« Un privilège, un cadeau, une preuve d’amour »
Sa retraite est aussi l’occasion d’explorer un nouveau projet : un duo avec son fils Antoine. Loin de ce qu’il a connu avec son propre père, très rigide. « C’est un privilège, un cadeau, une preuve d’amour » dit le papa.
« Je n’aurais pas pu l’envisager avec quelqu’un d’autre ! » assure le fils. Déjà petit, Antoine aimait improviser avec son père : « On explorait souvent ensemble la musique, il y a une confiance entre nous. » C’est un père en admiration devant les talents de son fils que nous rencontrons, alors qu’il a eu une belle carrière. « Antoine est plus qu’un musicien, c’est un poète ! Je l’admire énormément… »
Un voyage autour du monde
Antoine Sugita, 34 ans, est lui aussi tombé dans la musique tout petit comme son papa. Mais avant de l’envisager comme un vrai métier, il a testé d’autres univers. Il fut intermittent technicien son au Fresnoy de Tourcoing, et agent administratif dans les relations internationales à l’Université de Lille. Il a aussi beaucoup voyagé pendant deux ans, ce qui a nourri son univers musical et poétique. « J’ai fait le tour du monde ! J’avais un carnet avec moi où je notais mes découvertes. L’exploration musicale a aussi fait partie du voyage… » Au départ, il voulait créer un café interculturel à Lille, puis une auberge de jeunesse au Mexique. Finalement, l’appel de la musique a été plus fort !
« Aujourd’hui, mon projet est d’en vivre totalement », annonce-t-il.
Antoine, le fils créatif
Mais Antoine n’est pas un musicien comme les autres. Il ne veut pas intégrer une formation classique ou donner des concerts en suivant les partitions des autres. Il veut créer et partager.
Celui qui en parle le mieux, c’est son papa : « Souvent, les musiciens ont du mal à sortir de leurs partitions, à improviser. Il y a un blocage, une peur, c’est tabou. Mais pas pour Antoine. Il crée son propre monde, c’est un voyage du début à la fin. Et la destination, c’est toujours le public ! »
Antoine a donc écrit un spectacle entier, prévu pour un duo. Il ne pouvait que le proposer à son papa. Chez les Sugita, musique rime avec famille. Et parfois, les filles Sugita y participent ! « Ma sœur Tiphaine fait du chant lyrique, et ma sœur Naomi est traductrice en langue des signes. Elles viennent de temps en temps nous accompagner ! » sourit Antoine.
Un spectacle musical plus qu’un concert
Attendez-vous à être surpris par leur performance, qui est un spectacle musical, plus qu’un concert. « On a créé notre style ! » Improvisations et compositions originales se mêlent, ce qui est rare.
Toutes les musiques et textes sont créés par Antoine Sugita. « Je propose un univers intime autour des émotions et du développement personnel », résume-t-il. Avec ses armes : la musique et les mots. Car Antoine est aussi un slameur, il interprète au piano ses propres textes sur l’héritage familial, l’amour filial et fraternel, la réalisation de soi, des thèmes chers au jeune musicien.
Éveiller les graines endormies
Ma mission en tant qu’artiste est d’éveiller les ‘graines endormies’. C’est-à-dire d’inviter le public à vivre un temps d’introspection, pour prendre conscience de ses envies, de ses rêves…
« Ce n’est jamais deux fois le même concert ! » promet le duo, qui sait jouer sur les émotions.
Et un album ?
Vous pourrez découvrir ce duo complice et leur spectacle décalé vendredi 21 février à 18 h 30 et samedi 22 février à 16 h 30 au Touquet (lors du Winter Jazz Festival) ; et le dimanche 9 mars à Valenciennes. Outre son spectacle, Antoine Sugita anime aussi des ateliers d’écriture en centre social et maisons de retraite.
Il faudra encore un peu de patience pour la sortie d’un album : c’est au programme d’Antoine, mais pas avant le printemps 2026. En attendant, vous pouvez l’inviter à partager son spectacle musical dans votre ville, ou encore découvrir sa voix avec le titre du groupe A.L.E.A « Impatiente », qui vient de sortir.
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