EXCLUSIF. Dans le 5e arrondissement de Marseille, le 80 de la rue Auguste-Blanqui a eu plusieurs vies. L’ancien hospice tenu par des bonnes sœurs il y a deux siècles était déjà devenu une maison de retraite dans les années 1980. Et ce n’est pas fini. Derrière l’imposante double porte de son entrée, en plein cœur du quartier Notre-Dame-du-Mont, les travaux vont bon train.
Le jeune groupe marseillais Juste Hospitality y prépare l’ouverture de son second « hôtel alternatif » dans la cité phocéenne. La société Only Pro, fondée entre autres par le rappeur Soprano, est également associée. actu Marseille vous emmène en exclusivité sur le chantier de ce concept qui veut casser les codes de l’hôtellerie traditionnelle.
« On aime les lieux qui racontent une histoire »
Au sol, dans le hall d’entrée de cet immeuble de cinq niveaux, les petits carreaux d’époque sont protégés des autres travaux. Ils seront préservés, prévient Emmanuel Duchange, le président et cofondateur du groupe hôtelier. « Et tout ce qu’on peut garder, on le garde. Les sols, les moulures… On aime les lieux qui racontent une histoire. »
Pour leur premier projet, la « Maison Juste », les fondateurs de Juste Hospitality avaient choisi l’ancien consulat d’Algérie, au 28 rue Balthazar-Dieudé (6e) et où un attentat avait fait 4 morts et 28 blessés en 1973. Pour ce nouvel hôtel, dans le quartier Notre-Dame-du-Mont, c’est donc un ancien hospice qui est en train d’être retapé du sous-sol aux combles.
Au XIXe siècle, les sœurs de l’ordre de Troie y soignaient les blessés de guerre et les femmes célibataires enceintes. « Il y a même une petite chapelle », précise Emmanuel Duchange. Dans les années 1980, le lieu était ensuite devenu un Ehpad, la Résidence Maguen, que Juste Hospitality a fini par racheter avec des partenaires (10 millions d’investissement) en 2024.
Un concept « alternatif »
Place désormais à l’hôtel. Le Grand Juste (ce devrait être son nom) sera fin prêt, sauf imprévu de chantier, pour la première quinzaine du mois de juillet 2025. Dans le bâtiment principal et ses deux annexes, séparés par un jardin et un patio, le groupe poursuit la création de 50 chambres, au total.
Le tout dans un concept qui a déjà fait le succès du premier établissement de la marque Juste, celui de l’« hôtellerie alternative », que les fondateurs ont imaginé au moment de la crise liée à la pandémie de Covid-19. Quèsaco ? « On enlève tout le cérémonial du check-in, check-out, d’une réception en dur », explique Emmanuel Duchange.
« Et on se concentre sur l’essentiel en piochant parmi les meilleures pratiques qui se font dans l’hébergement touristique, y compris les Airbnb, les auberges de jeunesse et même le Coliving », présente-il également.
Pourquoi avoir choisi ce nom, « Juste » ?
Pour les créateurs de la marque, l’offre hôtelière de 2020 était « en décalage avec la société » et il fallait « revenir à quelque chose de plus juste pour les clients ». Notamment au niveau des prix qu’ils voulaient « abordables » et sans variations trop importantes, expliquent-ils. Une chambre pour deux sera proposée à partir de 100 euros la nuit et il faudra compter au moins 150 euros pour une chambre pour quatre. « Juste, aussi, car il y a aussi une conformité entre la promesse faite, celles des photos que l’on voit lorsqu’on réserve, et la réalité. C’est un point d’honneur », appuie Emmanuel Duchange. « Juste », enfin, pour la planète (l’hôtel sera labellisé « clef verte », il mettra notamment à disposition des distributeurs d’eau filtrée plutôt que de l’eau en bouteille) et le personnel. « Le temps moyen pour faire le ménage dans une chambre chez nous est de 45 minutes. Soit 50 à 80% de plus que ce qui est demandé dans l’hôtellerie traditionnelle », explique la directrice opérationnelle Marie Collet.
Check-in sans contact et mobilier « chiné » sur Leboncoin
Chez Juste, fini l’enregistrement en début de séjour. Tout peut se faire par le biais d’un smartphone, sans contact obligatoire avec « les maîtres et maîtresses de maison », des employés « volants » toujours au service des voyageurs.
Des logements Airbnb, Juste a également emprunté « l’authenticité ». « Chez nous, la décoration n’est pas aseptisée. Jusqu’à 90 % du mobilier est chiné, poursuit encore le patron. Pour cet hôtel, il nous aura fallu un an et demi de brocante, de salle des ventes et de bonnes trouvailles sur Leboncoin pour arriver à la bonne atmosphère. »
Attention d’ailleurs, ici, il n’y a pas de télé dans les chambres. On vous encourage plutôt à écouter de la musique (des enceintes connectées seront à disposition), à lire des livres (également à la disposition de tous) et surtout à découvrir la ville.
Pas de restaurant mais une « table d’hôtes »
Pour coller au côté auberge de jeunesse ensuite, c’est la capacité des chambres qui a été adaptée, pour deux, trois ou quatre personnes. « C’est une forte demande des clients afin de réduire les coûts de l’hébergement lors d’un voyage », explique la directrice opérationnelle Marie Collet. Le tout, avec des salons et des espaces de cuisine et de services partagés, comme dans le coliving.
Du côté des gourmets justement, des petits-déjeuners « maison » et à la carte seront proposés, mais il n’y aura pas de restaurant. « Nous proposerons par contre un service de table d’hôtes sur demande et avec des chefs invités et en résidence. Tout pourra être proposé sur mesure », détaille encore Marie Collet.
À la douche même après avoir rendu la chambre
« Dans notre premier établissement, nous avions installé une petite salle de sport et un minibar avec des produits locaux. Ça n’a pas vraiment intéressé. Ce n’est pas ce que les voyageurs recherchaient, alors on a corrigé le tir. On va toujours essayer de coller au mieux à la demande », assure Emmanuel Duchange.
C’est pour ça que pour le Grand Juste, un nouveau service a été imaginé. Au sous-sol de la bâtisse, des douches et un service de bagagerie autonome seront à la disposition, jusqu’au soir, des voyageurs qui ont déjà rendu leur chambre.
Forte d’un certain succès, l’aventure de Juste Hospitality devrait prochainement sortir des frontières de Marseille, expliquent ses fondateurs : « Nous cherchons à nous développer ailleurs en France ». Des projets sont lancés à Bordeaux, Lille et Nantes.
Le Grand juste ouvrira en juillet 2025 au 80 rue Auguste-Blanqui, à Marseille (5e). Dès 100 euros la nuit. Plus d’infos sur le site du premier hôtel de la marque, justejuste.com.
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