Arrêter de fumer, manger plus de légumes et se remettre au sport. Ça, ce sont des bonnes résolutions classiques d’un début d’année.
Et le sport, c’est universel : qu’importe son âge, il est important d’avoir une activité physique régulière. Mais est-ce que tous les sports sont adaptés aux plus jeunes ?
La question se pose notamment pour les sports en salle, comme la musculation. Si vous fréquentez ce genre d’endroits, vous avez peut-être remarqué, parmi les adhérents, de jeunes gens au visage juvénile, comme a pu le constater actu.fr.
Les adolescents sont-ils alors de plus en plus consommateurs de la salle de muscu ? Si les gérants de salles ne s’expriment pas vraiment sur le sujet et ne donnent pas de chiffres qui pourraient le confirmer, il suffit de se rendre à la salle pour le constater. Ce que nous confirme également un coach que nous avons interrogé.
Mais pousser de la fonte et « casser du muscle » est-elle réellement une pratique adaptée aux plus jeunes ? On a cherché à savoir.
En théorie, pas d’âge minimum
Légalement parlant, il faut savoir qu’en France, il n’y a pas d’âge minimal pour s’inscrire dans une salle de musculation.
Seul l’article L.322-2 du Code du sport dispose que : « Les établissements où sont pratiquées une ou des activités physiques ou sportives doivent présenter pour chaque type d’activité et d’établissement des garanties d’hygiène et de sécurité définies par voie réglementaire ».
Mais en pratique, actu.fr a consulté les conditions générales de vente de différentes franchises de salles de sport et toutes s’accordent à autoriser l’inscription des membres seulement à partir de 16 ans. Hormis l’Orange Bleue, qui ne parle que de « mineurs » dans les textes. Mais selon des coachs interrogés par actu.fr, les inscriptions ne sont acceptées qu’à partir de 16 ans au sein des clubs. Comme le confirme l’un de nos articles évoquant la salle de Flers, dans l’Orne.
Certains établissements demandent même une autorisation parentale pour l’inscription. C’est le cas de Fitness Park, l’Orange Bleue et Keep Cool. Les deux dernières demandent également un certificat médical autorisant la pratique.
Seule l’Orange Bleue demande la présence d’un adulte avec le mineur tout au long de sa séance sportive.
Quant à Basic Fit, hormis cet âge minimal, rien n’est demandé de plus. Le mineur inscrit a le statut de « jeune membre » et c’est tout.
Un risque d’arrêt de la croissance
Ceci étant dit, pourquoi cet âge plancher de 16 ans a-t-il été défini ? En fait, c’est une question d’impact sur la croissance.
Pour Judith Loeb-Mansour, médecin généraliste à Argences (Calvados), « jusqu’à l’adolescence, on ne recommande de faire du sport qu’avec son corps, sans avoir à utiliser des instruments comme les poids ou les haltères », nous explique-t-elle.
Car en fait, ce n’est pas tant la musculation qui est problématique, mais bel et bien l’ajout de charges, car celles-ci a un impact sur le cartilage de croissance.
Quand on est enfant, on a ce que l’on appelle du cartilage de croissance. Ce cartilage, tant qu’il n’est pas soudé, permet aux os de grandir. « Mais ce cartilage est sensible », explique Raphaël Jallageas, médecin du sport et rééducateur à Cesson-Sévigné (Ille-et-Vilaine).
Les muscles, tendons et os, et donc cartilages, fonctionnent ensemble. Et si on en demande trop aux muscles, en ajoutant des poids lors de la pratique du sport, le cartilage souffre. Et il finit par fusionner et donc, la croissance s’arrête.
Le risque est surtout lié à l’hypertrophie musculaire, soit l’augmentation du volume du muscle. « De même, le tendon est plus long à s’adapter. Donc si le muscle grossit trop, il peut y avoir un impact sur les tendons. Des douleurs par exemple », poursuit le médecin auprès d’actu.fr.
Il peut aussi y avoir un impact sur les articulations, en les modifiant. Et tous ces troubles sont irréversibles.
Encadrer sa pratique et l’adapter
Mais une fois la croissance terminée, ce n’est pas non plus un blanc-seing pour faire n’importe quoi.
Il faut que la pratique soit adaptée : au poids, à la taille, mais aussi aux éventuels problèmes de l’adolescent.
En fait, il faut commencer à ajouter des charges progressivement et raisonnablement. Et là, le conseil est simple : prendre un coach. « Il aidera à vérifier que la posture est bonne, il adaptera aussi la pratique en fonction de l’âge, du gabarit du pratiquant », abonde Raphaël Jallageas.
Mais finalement, c’est un conseil qui vaut bien pour tout le monde, que l’on ait 16, 32 ou 55 ans. Et le risque avec les salles en libre accès, sans coach, c’est bien de vaquer de machine en machine, sans connaissance.
La tentation du mimétisme
Et au-delà de l’impact physique, il y a aussi un impact psychique à la pratique de la musculation.
En effet, dans les salles spécialisées, il n’y a pas d’espace dédié aux mineurs. Les jeunes se retrouvent donc à faire du sport avec des adultes. Or, cela peut avoir un effet nocif sur leur pratique.
Ils vont voir des adultes qui portent de lourdes charges par exemple. Mais eux, ça fait des années qu’ils s’entrainent. L’ado, il ne va pas y arriver en quelques semaines.
D’où l’importance, là encore, d’une pratique encadrée. Pour éviter le mimétisme (et donc les blessures), un coach aidera à définir des objectifs réalisables. « On n’est pas tous égaux, à cause de la génétique notamment. Donc certains peuvent avoir des objectifs en démarrant la musculation, mais ils sont inatteignables. »
Là encore, finalement, un conseil qui peut s’appliquer qu’importe l’âge. Et si la résolution, cette année, pour tous, c’était de faire du sport efficacement et sans se faire mal.
Car comme conclut Judith Loeb Mansour : « Dans tous les cas, faire du sport, c’est bien. Mais c’est comme tout : il ne faut pas que ce soit trop peu, ni dans l’excès. »
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