Le téléphone de Bruno Anselme sonne beaucoup depuis l’incendie spectaculaire survenu à la station-service d’Intermarché jeudi 16 janvier 2025 à Brionne (Eure).
Huit jours plus tard, vendredi 23 janvier, le propriétaire du magasin était en ligne avec un collègue victime d’un sinistre similaire dans l’ouest de la France.
« Il possède le même type de pompes que nous », indique-t-il, étonné par la situation. « Le constructeur nous a aussi appelés. On imagine que les stations vont faire l’objet d’une vérification », poursuit Bruno Anselme, qui a reçu rapidement la visite d’un expert, dont il attendait la semaine dernière de connaître les conclusions.
Il a déjà entre les mains un autre rapport, fourni par le prestataire en charge de la maintenance de la station.
Le départ du feu est détecté dans une partie électrique située au milieu, celle commandant la pompe. Ce qui les choque, c’est l’explosion qui s’est produite.
De nombreux dégâts
La fermeture risque de durer, car la liste des dégâts s’est allongée. Alors qu’elle semblait intacte de prime abord, la deuxième rangée de pompes à carburant, celle qui a échappé aux ravages du feu, n’est en réalité plus en état de fonctionner.
La poudre et la mousse utilisées par les pompiers se sont infiltrées dans les faisceaux électriques, et cela détruit tout. Le nettoyage du site a aussi des conséquences pour les faisceaux en sous-sol.
La toiture en ardoises, conçue pour respecter les prescriptions architecturales dans ce périmètre de la commune, n’a pas été épargnée non plus par la puissance des fumées.
Et un problème insoupçonné se fait jour. « Il y a du bois, dans quel état est-il ? s’interroge Bruno Anselme. Et il y aurait potentiellement de l’amiante dans les tuiles… Une analyse va donc être effectuée. »
Une société s’est également déplacée pour examiner les carburants en stock, une livraison avait d’ailleurs été effectuée le matin du 16 janvier.
L’enseigne Intermarché est encore très loin de pouvoir annoncer une date de réouverture de la station. L’endroit est sécurisé par des rubalises et des barrières, mises à disposition par la municipalité.
« Nous avons évité une grosse catastrophe »
« Il y a eu un incendie et des dégâts, mais nous avons évité une grosse catastrophe. Il ne faut pas oublier que nous sommes en centre-ville », retient le propriétaire, en se remémorant le fil des événements.
Des gens ont eu de très bons réflexes, comme ce client qui a de lui-même bloqué la route au niveau du Logis de Brionne ou cette femme pompier, venue chercher son enfant à la maison d’assistantes maternelles, et qui a barré le parking et fait la circulation en demandant au public d’évacuer les lieux.
« Pas de signe avant-coureur »
Bruno Anselme a échangé longuement avec le couple de septuagénaires dont la voiture a été détruite par le brasier. « C’était nécessaire pour toute la partie administrative, mais aussi pour traiter l’humain, pour savoir s’ils vont bien. Ils pensaient que c’était leur dernier véhicule et ils se demandent ce que l’assurance va leur proposer. »
La discussion a permis également de revenir sur les quelques secondes pendant lesquelles la station s’est enflammée.
Le client a fait le plein, il n’y avait aucun signe avant-coureur et c’est bien en raccrochant le pistolet que l’implosion s’est produite.
La clé de voiture, insérée dans le bouchon de la trappe à essence, était posée sur le côté. « Il a donc saisi un extincteur pour essayer d’éteindre le feu, récupérer la clé et dégager son véhicule. » Une mission impossible tant l’incendie était puissant.
Sain et sauf, le couple originaire des environs de Brionne aura besoin de temps pour oublier ce pénible moment.
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