Home Faits Divers Il tire deux balles dans le bras d’un homme, à Touques :...

Il tire deux balles dans le bras d’un homme, à Touques : 4 ans de prison

5
0



Un habitant de Touques (Calvados) avait été grièvement blessé par balles le 13 février 2025. Titulaire d’un casier judiciaire fourni de 19 mentions ayant entraîné plusieurs peines de prison, l’auteur des coups de feu était armé d’un fusil de chasse.

Une arme que ce père de famille de 44 ans dit avoir acquise pour sa propre sécurité « en raison de problèmes avec certaines personnes ». Il a évoqué des affaires « machin-bidule » et démenti avoir été commandité « par qui que ce soit ».

« On est des êtres humains »

Soupçonné d’avoir fait feu à deux reprises le 13 février à 1 h 15 du matin sur Jean-Marc* (46 ans), Jimmy* a reconnu les faits qu’il a toutefois nuancés. Il dit avoir tiré « au niveau du sol et du ciel » et a contesté la préméditation retenue par le ministère public. « Des fois on craque. On est des êtres humains… », a-t-il déclaré après une arrivée fracassante dans le box des prévenus, jeudi 3 avril 2025.

Alors que la présidente et ses assesseurs n’étaient pas encore entrés dans la salle 4 où se tenait l’audience, le prévenu s’est déchaîné sur les trois gardes pénitentiaires chargés de sa surveillance. Paraissant calme à son arrivée, il a été pris d’une violente colère dès que l’un des fonctionnaires l’a libéré de ses menottes. Totalement incontrôlable, il leur a porté des coups de poing et des coups de pied tout en les injuriant copieusement.

« J’ai pris le gauche »

Après une suspension d’audience d’une dizaine de minutes, l’homme est revenu quelque peu apaisé mais toujours vindicatif. En effet, après que la présidente lui a fait observer : « Vous étiez à Touques mais vous n’aviez pas le droit (suite à une condamnation prononcée par ce même tribunal le 19 décembre 2022, ndlr) », il a lancé du tac au tac : « J’ai pris le gauche », au grand dam de son avocat.

Vidéos :

Ne souffrant pas de pathologie mentale, selon l’expert psychiatre qui l’a examiné, il expliquera son accès de violence par l’agacement qu’il a ressenti en rencontrant sa future victime au tribunal de Lisieux le 10 février, trois jours avant les faits.

« Pas dans son état normal »

Retour sur la nuit du 12 au 13 février. Au milieu de la nuit, vers 1 h 15, Jean-Marc, résidant rue des Hauts-Prés à Touques, reçoit deux balles de gros calibre au bras gauche sur un parking proche de chez lui. Malgré la douleur, il parvient à se faire un garrot de fortune et à regagner son domicile en laissant une longue trace de sang derrière lui.

Avant d’être conduit au CHU de Caen par le Smur, il dit aux policiers s’être blessé accidentellement. Finalement, il leur indique le nom de son agresseur, « un ami qui n’était pas dans son état normal ». L’enquête de police a conclu que les coups ont été tirés à une quinzaine de mètres de distance. De son côté, il maintiendra lors de son audition et devant les magistrats que son agresseur était à 5 mètres de lui quand il l’a mis en joue.

Renforts du Raid

Les enquêteurs se rendent à Hennequeville où demeure le suspect et constatent que la maison est vide de tout occupant. Ce n’est qu’à 6 heures que les policiers du Raid réveilleront son amie Marie-Christine*, voisine de la victime. Seule dans la maison avec ses quatre enfants, elle semble tomber des nues et affirme ne pas avoir revu Jimmy après qu’il l’a quittée la veille, dans l’après-midi. Ayant eu connaissance par son téléphone que le Raid était à sa recherche, il s’est rendu de lui-même au commissariat de Deauville aux alentours de midi.

Depuis le box, le prévenu dit avoir rencontré incidemment Jean-Marc, qui s’apprêtait à prendre sa trottinette pour aller acheter des cigarettes au milieu de la nuit. Une explication qui ne convaincra pas les juges, car ce dernier détient chez lui plusieurs cartouches de Marlbroro Gold de contrebande. Bien que cela n’ait pas été avéré, il est possible qu’une transaction soit le motif de leur rendez-vous.

Jean-Marc avait donc posé sa trottinette avant de retourner chez lui pour chercher deux cartouches. « Je voulais lui en offrir une », explique-t-il. Jimmy, qui était parti de son côté pour prendre de l’argent dans son scooter garé à proximité, était revenu armé d’un fusil de chasse.

70 jours d’ITT

Touchée au bras gauche par deux balles de calibre 16 – utilisées pour la chasse au chevreuil et au sanglier – la victime a eu 70 jours d’ITT. Son conseil évoquera un pronostic médical « extrêmement défavorable » :

« Il y a peut-être un espoir sur très long terme pour la main, mais il n’y a aucune solution pour le coude ; il ne pourra plus lever ou baisser son bras. »

L’avocat de la victime

Il est apparu au cours de l’instruction du dossier que cette scène d’une rare violence s’inscrit dans un contexte plus complexe.

Marie-Christine est veuve d’un homme tué par balles dans la nuit du 15 au 16 mai 2020 à Hennequeville. Un crime dont les deux auteurs présumés doivent être jugés en cour d’assises le 20 juin prochain.

Croisé dans le tribunal

Le plaignant lui-même a été condamné le 3 février pour refus d’obtempérer et conduite sans permis. Le 10 février, en début d’après-midi, il se trouvait au tribunal pour interjeter appel du jugement le condamnant à 18 mois de prison – dont 6 mois assortis d’un sursis probatoire.

Hasard du calendrier ? Ce même jour avait lieu une audience en comparution immédiate à la même heure pour une importante affaire de stupéfiants dans laquelle Marie-Christine était mise en cause avec trois autres personnes. Jimmy dit ne pas avoir supporté que Jean-Marc, rencontré – a priori incidemment – dans la salle des pas perdus, s’installe sur les bancs du public pour assister à une partie du procès. « C’est ça qui m’a agacé », lance-t-il.

Maintien en détention

Le tribunal a suivi la plaidoirie de l’avocat de la défense et n’a pas retenu la circonstance aggravante de préméditation. Jimmy est condamné à 4 ans de prison dont 6 mois assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans. Le tribunal prononce la révocation totale du sursis de 6 mois prononcé le 19 décembre 2022. Il avait alors été condamné à 18 mois de prison dont 6 mois assortis d’un sursis probatoire et conduit au centre pénitentiaire pour effectuer la partie ferme de 12 mois. Ce sont donc 4 années qu’il passera en détention, sans tenir compte d’éventuelles remises de peine.

De surcroît, il a l’interdiction de paraître à Touques pendant 5 ans. Le tribunal prononce son inéligibilité pour 5 ans et la confiscation des scellés, parmi lesquels 10 g de cannabis trouvés à son domicile. Il a été conduit au centre pénitentiaire à la fin de l’audience. Le tribunal ordonne l’expertise médicale de la victime et renvoie l’affaire sur intérêt civil au 21 novembre.

*Prénoms d’emprunt



Source link

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here