Le Président Puget-Flesch, juge d’application des peines auprès du tribunal de Dieppe qui en a sans doute vu d’autres dans sa carrière, ne cachait pas son dégoût et son écœurement en montrant à ses assesseurs quelques-uns des clichés retrouvés dans le téléphone d’un quadragénaire qu’il connaissait déjà.
En effet en 2021, cet homme qui demeure entre le Pays de Bray et la vallée de la Bresle avait déjà été condamné à sept années de réclusion pour une agression sexuelle sur un mineur de moins de 15 ans.
Libéré par anticipation, il faisait l’objet d’un suivi socio judiciaire et c’est dans ce contexte que François-Xavier Puget-Flesch lui avait rappelé ses obligations et ses interdictions. Mais manifestement le prévenu n’en a pas tenu compte : un service d’enquête de la région parisienne l’a identifié comme consultant des plateformes ou des applications où sont échangées des images mettant en scène des mineurs, voire de très jeunes enfants.
Des scènes d’enfants de 5, 6 ou 7 ans
Le magistrat explique qu’après avoir fait l’objet d’un mandat de recherche, l’homme âgé de 40 a été interpellé. Son téléphone et l’ensemble des matériels informatiques ou numériques ont été saisis et analysés. Dans le premier, plus de 12 000 fichiers pédopornographiques ont été retrouvés notamment dans les caches de certaines applications. D’autres images étaient stockées sur des clefs USB ou sur des cartes SD.
Certaines de ces images mettent en scène des enfants de 5, 6 ou 7 ans.
Le juge au bord de l’écœurement n’en dira pas plus. Il essaie d’obtenir du prévenu un minimum d’explications : l’homme évoque une addiction maladive à la sexualité. Au terme d’une enfance et d’une jeunesse compliquée, il dit s’être lui-même prostitué dès l’âge de 17 ans.
« Ces photos sont ignobles »
Le magistrat lui rappelle que ce qui lui est reproché, c’est la consultation et le stockage mettant en scène des adolescents et de jeunes, voire très jeunes enfants :
Vous imaginez ce qu’ils endurent, s’il n’y avait pas d’individus comme vous pour consulter ce genre de site, ils ne le subiraient pas. Ces photos sont ignobles.
L’homme reconnaît qu’à cette époque, il était excité par ce genre de clichés mais il certifie que le contrôle judiciaire auquel il a été soumis avec notamment des soins psychiatriques lui ont fait ouvrir les yeux sur l’anormalité de son comportement.
18 mois de prison ferme
Il explique être en reconversion professionnelle et vivre pour la première fois en couple avec un jeune de 21 ans « qui ne l’a pas rejeté malgré la révélation des faits ».
« Je suis inquiète pour l’avenir » ne cache pas la substitut du Procureur de la République s’appuyant sur les condamnations antérieures du prévenu. Et d’ajouter :
C’est un homme qui se trouve sous le coup d’un suivi socio-judiciaire et ça ne l’empêche nullement de commettre le même délit.
Elle requiert une peine de 18 mois de prison ferme assortis d’un mandat de dépôt.
Me Pietrczik tente d’éviter l’incarcération à son client expliquant que cette addiction est avant tout une maladie dont il ne guérira pas en prison. Mais les juges estiment que les faits sont trop sordides, trop graves et qu’ajoutés à la trahison à la confiance que lui avait accordé la justice, ils ne peuvent que le renvoyer derrière les barreaux. C’est entouré de quatre policiers qu’il a quitté la salle d’audience en direction de la maison d’arrêt.
Source link
