Renversé par un camion-benne de 3,5 t le 26 septembre 2023 à 10h55 à Orbec (Calvados), un homme de 87 ans, habitant La Vespière, était décédé des suites de ses blessures quelques heures plus tard. Jugé mardi 18 mars 2025 au tribunal de Lisieux, le conducteur a été déclaré coupable d’homicide involontaire.
Le véhicule utilitaire de location n’étant équipé ni d’alarme de recul, ni de caméra, il sera reproché au chauffeur – père de famille de 42 ans, chef de chantier depuis 2010 dans son entreprise – de ne pas avoir été assisté d’un collègue pour le guider.
Aucun signe de faiblesse
Le 26 septembre 2023 en fin de matinée, un camion-benne chargé de terre végétale recule à très faible allure dans la rue Guillonnière à Orbec. Cette rue perpendiculaire à la rue Grande est fermée à la circulation des voitures le temps des travaux, qui ont commencé en mars.
À peu près au même moment, un homme de 87 ans quitte le salon de coiffure où il avait rendez-vous à 10h30. Ne présentant aucun signe précurseur de faiblesse, de déséquilibre ou de perte de conscience, il s’engage dans la ruelle d’un pas alerte.
Ces précisions ont été apportées par les enquêteurs suite à l’exploitation des caméras couvrant la rue principale du bourg.
» Butée » sous la roue
Très peu de temps après, le conducteur ressent une » butée » sous la roue arrière droite de son véhicule. Il passe la première et avance de quelques mètres. C’est en allant voir l’origine du choc qu’il découvre l’homme gémissant, allongé sur le sol.
Un passant lui prodiguera les premiers secours avant que les pompiers ne le prennent en charge et le conduisent à l’hôpital de Lisieux.
Le décès de l’octogénaire souffrant d’un polytraumatisme important au crâne et aux membres supérieurs et inférieurs sera constaté par les médecins à 15h15.
Angle mort
Entendu par les gendarmes à 13h20, le chauffeur du camion dit avoir vérifié qu’il n’y avait personne dans la ruelle et à proximité quand il s’y est engagé, gyrophare et feux de détresse allumés.
N’ayant personne pour le guider, il ne disposait donc que de ses rétroviseurs extérieurs. Selon lui, la victime se trouvait dans un angle mort quand il l’a renversée.
Lors de sa seconde audition le 3 novembre, il présentait une version sensiblement différente, qu’il maintiendra au tribunal. » Je n’ai toujours pas le sentiment de l’avoir renversé « , lance-t-il après avoir précisé que, l’utilitaire n’excédant pas 3.5 t de poids total autorisé en charge, l’aide d’une tierce personne n’était pas obligatoire pour effectuer ce genre de manœuvre.
« S’il avait été debout… »
Après avoir réfléchi, il est arrivé à la conclusion que l’homme était vraisemblablement tombé tout seul perpendiculairement dans le caniveau et qu’il a été heurté » légèrement » par le cache protégeant la roue de secours. » S’il avait été debout, je l’aurais eu dans tous les points de de contrôle « , conclut-il.
» Ces explications sont incompatibles avec l’ampleur des blessures constatées par les deux médecins légistes ayant pratiqué l’autopsie de la victime « , souligne la représentante du ministère public.
Le quadragénaire est condamné à 12 mois de prison avec sursis. Le tribunal ordonne le renvoi sur intérêts civils de l’affaire à l’audience du 19 septembre.
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