Le temps d’une série de deux articles, l’ancien maire d’Équeurdreville-Hainneville (commune déléguée de Cherbourg-en-Cotentin, Manche) Jean Lerouvreur a accepté de revenir sur son parcours et ses engagements, avec un regard toujours d’actualité. Voici le second épisode.
Jean Lerouvreur fut également, entre 1983 et 1989, président de la communauté de Cherbourg : « C’était un moment où il y avait un renouvellement de jeunesse, Georges Fatôme ne souhaitait pas vraiment continuer sa présidence, j’ai été le candidat naturel de la gauche », se souvient l’ancien élu.
Aujourd’hui, Cherbourg-en-Cotentin est une réalité et le Grand Cherbourg est une question lointaine, mais à l’époque, la fusion des communes était sur toutes les lèvres.
« J’ai toujours pensé que cela ne devait pas se faire dans la brutalité »
Jean Lerouvreur n’a pas oublié les débats, les crispations et les passions autour de ce sujet : « On m’a souvent présenté comme un opposant au Grand Cherbourg. J’ai toujours pensé que cela ne devait pas se faire dans la brutalité. Pour moi, la fusion se ferait naturellement. »
Jean Lerouvreur, qui, sous sa présidence, avait imaginé un élargissement de la communauté urbaine, a un avis bien tranché sur l’actuelle agglomération du Cotentin : « Il y a des différences toujours présentes. Déjà à mon époque, j’avais pris des contacts avec la maire de Valognes, mais elle voyait sa ville comme la capitale du Cotentin. Le projet n’a pas abouti ».
« Un grand défenseur des services publics »
Mais pour lui, l’essentiel reste les réalisations menées : « La route voie du bord de mer d’Équeurdreville, il y avait des opposants. Pourtant, maintenant, elle est une évidence. Ce fut un très gros chantier. Je pense à la création de l’IUT ou encore d’Intechmer, mais également à l’installation d’Emmaüs à Querqueville dans l’esprit d’une œuvre humanitaire. Nous avions cédé le terrain pour le franc symbolique ».
L’ancien directeur général de la CUC, Pierre Duclos, garde un très bon souvenir des années Lerouvreur : « Il fut un président qui a ouvert la communauté urbaine sur l’extérieur. Il a été un grand défenseur des services publics et de leur maîtrise, à travers l’eau et les transports. Il ne faut pas l’oublier car il a profondément marqué le territoire et son développement ».
« La politique n’est pas un match de boxe »
Jean Lerouvreur reste fidèle à l’idéal politique de ses jeunes années et profondément marqué par les grands noms de la gauche française, comme l’ancien Premier ministre et maire de Lille Pierre Mauroy mais aussi François Mitterrand ou Laurent Fabius.
Jean Lerouvreur évoque avec force le souvenir du très regretté Pierre Bérégovoy : « Hélas, on ne parle plus beaucoup de lui. J’ai tenu à ce que nous donnions son nom à l’Ehpad d’Équeurdreville ».
Désormais observateur attentif de l’actualité politique, Jean Lerouvreur prend de la hauteur à une époque où les batailles d’idées ont laissé place aux polémiques médiatiques : « La politique n’est pas un match de boxe ».
« Les chefs des grandes entreprises ont le droit de tout faire »
Effectivement, à l’heure où certains critiquent continuellement la classe politique, abîmant ainsi la République, l’ancien maire a son avis : « Il faut arrêter de croire que l’élu peut tout faire. Le mal de notre époque est que les chefs des grandes entreprises ont le droit de tout faire pour servir les capitaux ».
Il poursuit : « Pourtant, dans le même temps, certains disent que les élus ne font rien. Les élus ne sont pas là pour créer des emplois, cela reste le rôle des entreprises. Les élus sont là pour faire fonctionner les services et faire en sorte que les citoyens vivent bien. Il faut retrouver l’esprit du vivre-ensemble ».
« Faire perdurer les traditions »
Ce « vivre-ensemble » fut au cœur de son action lorsqu’il prit la présidence du bailleur social, Les Cités Cherbourgeoises, l’œuvre sociale de l’ancien député SFIO de Cherbourg, René Schmitt. Demain comme hier, le cœur politique de Jean Lerouvreur est à gauche et, en bonne place dans celui-ci, se trouvent les habitants d’Équeurdreville-Hainneville : « Il y a une évolution du Nord-Cotentin et des populations. Il faut croire en l’avenir mais aussi faire perdurer les traditions ».
En bon enseignant, il conclut l’entretien accordé à La Presse de la Manche par ces mots : « La laïcité est un combat au quotidien ».
Source link
