Le samedi 5 février 2022, à Nantes, une étudiante de 18 ans, Anna P. a frôlé la mort. Alors qu’elle marche avenue Camus, quartier Guist’hau, dans le centre-ville, un homme arrive derrière elle et l’attaque avec un couteau. Il l’atteint à la gorge et aux cervicales. En tout, sept plaies sont constatées sur la victime.
Ce mardi 28 janvier 2025, trois ans plus tard, le procès de l’assaillant, J.E Kerebel, aujourd’hui âgé 38 ans s’est ouvert à la cour d’assises de Loire-Atlantique. Il comparait pour tentative de meurtre, vol, escroquerie et recel.
« Ça ne concerne personne ici, c’est mon privé »
Durant cette première journée, la présidente d’audience, L. Limou, a eu bien du mal à extirper une quelconque déclaration de cet homme, déjà condamné six fois et connu pour son addiction à la drogue. « Pour juger quelqu’un, il faut le connaître », a-t-elle tenté. « Je préfère être jugé sur les faits. Ça ne concerne personne ici, c’est mon privé », répond-il.
Pourtant au fur et à mesure des heures, l’histoire de cet ancien militaire se dévoile. J.E Kerebel est né à Bogota en Colombie. Adopté par un couple de Français, il a vécu la majeure partie de sa vie en France. Il n’a plus de contacts avec ses parents adoptifs et a quitté le domicile familial à 15 ans, sans jamais y revenir.
Sa vie n’a ensuite été qu’une longue suite de condamnations : vols, recel, stupéfiants et viols avec violences habituelles sur ses ex-compagnes… Plusieurs incidents disciplinaires émaillent, de plus, ses incarcérations.
À demi-mot il admet que sa consommation de drogue, dont il assure essayer de se débarrasser, est sans doute la cause de sa violence. « J’ai arrêté l’alcool et certains stupéfiants », indique-t-il. C’est, selon lui, la raison de ce qu’il a fait subir à Anna P.
Une victime sauvée de peu
Anna P. ne connaît pas l’accusé. Ce samedi là, alors étudiante en classe préparatoire, elle se dirige vers l’Externat des Enfants Nantais. Il est environ 8 h.
J.E Kerebel s’approche par-derrière et s’attaque à elle. Plusieurs témoins, dont un ami d’Anna, assistent à la scène.
Un médecin, présent sur les lieux, prodigue les premiers secours. J.E Kerebel prend la fuite. Sans ces premiers soins, Anna n’aurait sans doute pas survécu déclare la présidente. La police a dû attendre deux jours pour pouvoir l’interroger.
Pas de mobile
L’accusé, qui reconnaît les faits, n’a pas beaucoup de souvenirs de l’agression. Durant sa garde à vue, il a affirmé que l’influence de l’alcool et de la drogue était tels ce jour-là, qu’il ne s’est même pas rendu compte que la victime était une femme.
Il n’aurait réalisé son geste qu’une fois être monté dans un train pour Rennes. C’est à la sortie de ce train, qu’il est arrêté, dans le cadre d’une autre affaire, par la police aux frontières.
Le lendemain des faits, dimanche 6 février, une vétérinaire a signalé avoir soigné un homme ayant une plaie à la main, non loin du lieu des faits. Ce témoignage permet aux enquêteurs de faire le lien avec l’homme arrêté à Rennes. Il s’agit de J.E Kerebel.
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