Laurent* est arrivé, tête basse, le regard las, devant ses juges de la 9e chambre du tribunal correctionnel d’Évry-Courcouronnes (Essonne), le 5 mars 2025. Après une surveillance discrète des services de la police, il a été interpellé dans la nuit du 14 janvier dernier, dans le quartier de la Peupleraie à Grigny, alors qu’il se rendait régulièrement dans un local situé au rez-de-chaussée de l’appartement qu’il partage avec sa mère.
Crack et matériel de production
Dans cette dépendance, les policiers sont tombés sur tout un attirail permettant de confectionner du crack, ainsi que sur 8 grammes de cocaïne (le produit de base) et plus de 100 grammes du produit dérivé, le crack donc, dont la vente s’est intensifiée en Essonne depuis les Jeux Olympiques, notamment à Grigny.
Laurent ne travaille pas. Il ne bénéficie d’aucun revenu, ni d’aucune aide. Ses comptes bancaires sont vides. Néanmoins, le jeune homme de 23 ans est un adepte des paris sportifs. Son compte laisse apparaître des virements suspects depuis quelques semaines, qui ne correspondent absolument pas à la réalité de ses revenus. Au mois de novembre 202, son compte joueur est crédité de près de 5 700 euros, sans adéquation avec son train de vie habituel, comme l’a rappelé la présidente du tribunal, lors de l’évocation des faits qui étaient reprochés au prévenu.
Alors qu’il avait nié son implication dans un quelconque trafic lors de sa garde à vue, Laurent est revenu sur ses déclarations lors de l’audience correctionnelle, après quelques semaines d’incarcération. « J’ai fait une erreur », a-t-il fini par reconnaître en expliquant qu’il avait accepté d’endosser le rôle de nourrice pour le compte de tiers dont il taira l’identité. « Je ne peux rien dire Madame la présidente. Les conséquences seraient trop grandes pour moi et ma famille », a-t-il concédé.
Déjà impliqué dans des trafics de stupéfiants
Laurent a déjà connu quelques soucis avec la justice qui remontent à un peu moins de 5 ans, ce qui lui valait d’être considéré en état de récidive. Avant sa majorité et par la suite à tout juste 18 ans, il a été poursuivi par deux fois pour son implication à divers titres dans un trafic de stupéfiants. Mais depuis, il n’avait plus jamais fait parler de lui.
La procureure de la République, après une démonstration détaillée des ravages de la consommation de crack sur le territoire national, a demandé au tribunal de condamner le prévenu à une peine de 5 ans d’emprisonnement dont deux avec sursis, assortie d’une amende de 10 000 euros.
Maître Simonard, l’avocat de Laurent, a réussi à ramener cette condamnation à de plus justes proportions, au regard de l’implication réelle de son client, comme simple nourrice. Il a été finalement condamné à 12 mois sous bracelet électronique. Il a l’interdiction de se rendre en Essonne pendant 3 ans.
* le prénom a été changé
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