Depuis 3 ans à Lille, une petite production de statues de Notre-Dame de la Treille a été relancée par un jeune prêtre et les responsables de la cathédrale. Mais ils veulent voir plus grand. Des bénévoles ont été mobilisés pour relancer un atelier à plus grande échelle de statues mariales de 2 tailles, dans l’idée de les vendre à l’Artisanat monastique.
Un projet de statues à Notre-Dame de la Treille à Lille
Si vous aimez Notre-Dame de la Treille, vous serez séduit par ce nouveau projet à la cathédrale de Lille : proposer des statues de la Vierge spéciale Treille ! En fait, cela fait 3 ans qu’une petite production de statues mariales est proposée lors des fêtes de la Treille. « Nous voulions proposer des objets de dévotion liés à Notre-Dame de la Treille, dans le cadre de la relance des festivités en son nom » explique Thomas Sanchez, responsable culturel de la cathédrale.
L’idée de proposer des statues à la vente s’impose. « Elles existaient mais il y a très longtemps, il fallait tout recréer » rappelle Thomas Sanchez. Car pour lancer une production de statues, il faut se baser sur un moule.
Heureusement, un jeune prêtre lillois, adepte des travaux manuels, aime créer des statues à partir de plâtre. Il s’agit du père Charles Marie Rigail, aumônier de l’Université catholique de Lille et prêtre à la paroisse Saint-Augustin (Wazemmes). Il commence par faire des petites statues de 5 cm, à partir d’un premier moule en silicone qu’il crée. Les premiers prototypes sont vendus en 2023, en petite quantité. L’envie de faire des statues plus grandes s’impose, vu la demande.
Un jeune prêtre qui crée des moules de statue
Le père Rigail explique : « J’ai retrouvé dans un presbytère une statue de Notre-Dame de la Treille de 15 cm de haut, pile la taille qu’il me fallait pour créer un moule ! » sourit-il. Il doit cependant régler quelques détails. L’ancien ingénieur a pu compter sur ce qu’il a appris dans ses études : « La statue trouvée n’avait plus de sceptre, il fallait donc en recréer un. De plus, une de ses mains était tendue et donc fragile dans le cadre d’un moulage. J’ai raccourci le bras pour qu’il tienne le sceptre serré sur le haut du corps de la Vierge ».
Là encore, il faut tout créer. Pour la version 15 cm, le moule en silicone doit être entouré d’une coque en fibre de verre rigide en 2 parties qui s’ouvrent. Elle entoure le moule résine, avant d’y couler le plâtre. Difficulté supplémentaire : la cathédrale souhaitait que le socle de la statue, c’est-à-dire le dessous, porte le sceau de la Treille. Il fallait donc créer encore un autre moule, à ajouter une fois que le plâtre est coulé.
Et cette année, ça y est, le père Rigail a peaufiné le matériel nécessaire ! Mais il a besoin d’aide, car il ne peut pas réaliser tout seul cette production.
Un atelier de bénévoles lancé
« On a eu l’idée de mobiliser des bénévoles pour aider à faire vivre ce beau projet » présente Thomas Sanchez. L’appel a été lancé dans le réseau de l’Artisanat monastique et celui de la cathédrale. Une réunion de présentation a eu lieu le 14 mars, et ce ne sont pas moins de 15 bénévoles qui se sont présentés ! « Je vais vous expliquer le protocole et le matériel, comme cela, vous pourrez vous y mettre bientôt » accueille le père Rigail.
Il sort les moules, une balance, les sachets de plâtre, le papier de verre. « On va commencer par démouler une statue que j’ai fait couler il y a 2 heures environ, vous verrez à quoi ça ressemble » dit le père Rigail. « Vous ôtez d’abord le moule du bas et les pinces de la coque, puis délicatement pour ne pas casser les visages de la Vierge et de Jésus, vous tirez le socle vers vous… Voilà le résultat ! »
La statue et le moule passent de main en main pour que chacun se rende compte de ce que cela représente. « Une fois la statue démoulée, il faut ôter les restes de plâtre »
Puis, le prêtre montre comment on prépare le plâtre. « Il faut 280 g de ‘staturoc’ et 95 g de plâtre classique, avec 160 ml d’eau pour la grande statue. Pour la petite, c’est 80 g de ‘staturoc’ et 20 g d’eau ». Il sort une petite balance très précise. « Attention, ce n’est pas comme le ciment, c’est le plâtre qui va dans l’eau et non l’inverse ». On mélange le tout délicatement avec une spatule en bois pour éviter les grumeaux, et on coule le tout dans le moule. « Mais attention, il faut bien le pencher dans le bon sens, de sorte que les visages soient vers le sol. Sinon, la mixture se mélange mal et il risque d’y avoir des bulles d’air dans les visages ! »
Ensuite, il faut attendre plusieurs heures, et prévoir un temps de séchage d’une journée environ.
Quelles couleurs ?
Les statues seront enduites d’une finition : peinture à la bomber ou brou de noix pour donner un effet « bois vieilli ». « J’ai tenté une technique traditionnelle qui consiste à tremper la statue dans du lait. cela marche bien mais c’est long. De plus, il faut le faire dans une pièce non humide sinon le lait tourne et donne un aspect vert au plâtre. Il y a aussi plus d’imperfections. Je vous conseille une bombe teinte lin clair ».
La suite ?
Comment les prochains ateliers vont-ils se passer ? « On va créer toute une organisation pour que cela soit efficace, avec un planning, car il faut durer dans le temps. Une des salles de la cathédrale, au sous-sol, sera dédiée à cette activité. On pourra y stocker le matériel, les statues à faire sécher. Je vais acheter tout le nécessaire : contenants, plâtre, spatule, papier pour poncer… » dit le responsable culturel.
Il faudra faire des essais, car un seul moule existe pour la version grande, et 3 pour la petite taille. On ne pourra donc mouler qu’une grande statue à la fois. « Au début, il faudra roder l’organisation, voir comment on est efficace. Il y aura des ratés, ce n’est pas grave, il faut s’exercer » rassure le prêtre artisan.
D’autres produits dérivés de la Treille : boules à neiges, cartes, médailles
Si vous devez attendre encore quelques semaines pour découvrir ces statues, d’autres produits « spécial Treille » sont déjà vendus à l’Artisanat monastique : boules à neige, cartes postales, porte-clés à l’effigie de la Vierge de la Treille, médailles… « C’est récent. Nous avons ce ‘corner’ à l’Artisanat monastique depuis octobre 2024. Auparavant, le lieu ne vendait que des produits issus des monastères, mais il a élargi ses produits pour la cathédrale. car c’est difficile vu le nombre de bénévoles et l’expérience que cela demande de tenir un magasin dans l’édifice » détaille Thomas Sanchez.
Les premières statues arriveront environ dans un mois ou deux. Dans un deuxième temps, des modèles plus colorés seront présentés, le temps que l’atelier gagne en expérience et compétence.
L’Artisanat Monastique est situé juste à côté de la cathédrale. Ouvert du mardi au samedi de 10 h à 18 h 30. Les statues seront vendues au prix de 6 € la petite et 16 € la grande.
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