Ce dimanche 9 mars après-midi, le vent portait avec lui l’écho d’une ferveur particulière sur la pelouse du stade Denis Bailly de Bernay. Il y avait cette tension électrique propre aux derbies, cet équilibre fragile entre espoir et crainte qui enflamme les travées d’un stade rempli de supporters passionnés.
La première manche, disputée à l’automne, avait souri à Pont-Audemer, vainqueur 27-20. Mais ce jour-là, Bernay ne comptait pas laisser l’histoire se répéter.
Bernay frappe d’entrée
Dès les premières minutes, Bernay impose son tempo, affichant un visage résolument offensif. À la 5e minute, le demi d’ouverture Olivier Dutilleul ouvre le score d’un drop parfaitement exécuté, envoyant un frisson d’excitation dans le public.
Mais la réponse de Pont-Audemer ne se fait pas attendre. Trois minutes plus tard, une percée tranchante des visiteurs permet à Adrien Regerat d’aplatir dans l’en-but bernayen. Malheureusement pour Pont-Audemer, la transformation échoue.
Les minutes suivantes voient un affrontement serré, où chaque possession est disputée avec intensité. À la 13e minute, une faute bernayenne offre à Tom Vivier l’opportunité de réduire l’écart grâce à une pénalité bien ajustée.
Rebelote six minutes plus tard, lorsque Bernay concède une nouvelle faute et que Vivier, imperturbable, transforme à nouveau. À 3-11, les visiteurs semblent prendre l’ascendant.
La domination des locaux
Mais Bernay n’est pas du genre à plier sans réagir. À la 25e minute, après un enchaînement dans les 5 mètres adverses, la défense de Pont-Audemer relâche sa vigilance sur un ballon mal négocié. Quentin Laval, à l’affût, intercepte et file aplatir sous les poteaux. L’essai est transformé et Bernay revient à 10-11.
Les locaux prennent alors confiance et imposent leur domination. À la 31e minute, une action collective d’envergure, initiée par Delepine, ouvre un boulevard à Ben Bril sur l’aile gauche. D’un geste précis, il franchit la ligne et enfonce le clou. La transformation réussie porte le score à 17-11.
Alors que la première mi-temps semble toucher à sa fin, un dernier rebondissement survient. Une faute bernayenne offre à Vivier une nouvelle occasion d’ajuster un tir parfait entre les perches. 17-14.
Et puis, vient l’incident qui changera le cours du match. À la 40e minute, Pont-Audemer, déjà sous pression, perd un joueur sur un plaquage haut dangereux. L’arbitre n’hésite pas et brandit le carton rouge. Bernay se retrouve en position de force : une deuxième période à 15 contre 14 s’annonce.
Bernay creuse l’écart
La reprise s’effectue avec la rage de vaincre. Dès la 45e minute, Bernay en profite pour frapper fort. Sur une belle relance orchestrée depuis l’aile droite, Arthur Leboulanger conclut une action d’école et plonge dans l’en-but, offrant à son équipe un essai transformé. Le score est alors de 24-14.
Mais Pont-Audemer, malgré son infériorité numérique, refuse de baisser les bras. À la 48e minute, Adrien Regerat s’infiltre dans la défense et inscrit un essai, ramenant le score à 24-19.
Le match devient plus rugueux, plus tactique. Les entraîneurs procèdent à des ajustements et les minutes qui suivent sont marquées par une série de mêlées et de touches, chaque équipe cherchant à verrouiller son camp.
Puis, à la 53e minute, Pont-Audemer est de nouveau sanctionné : un carton jaune vient réduire son effectif à 13 contre 15. La situation devient critique pour les visiteurs, qui doivent jouer en infériorité pendant de longues minutes.
Bernay sent l’opportunité et multiplie les assauts, mais la défense de Pont-Audemer retarde l’échéance. Jusqu’à la 76e minute. Un nouvel effort collectif permet à Pont-Audemer de trouver une faille et d’inscrire un dernier essai, ramenant le score à 24-27.
Mais ce n’est pas suffisant. À la 79e minute, dans une dernière envolée, Grégoire Baroche s’échappe à la suite d’une percée magistrale et scelle le sort du match avec un ultime essai.
La transformation passe, et les supporters bernayens explosent. Bernay l’emporte 34-24.
Les réactions d’après-match : entre satisfaction et regrets
Dans les travées du stade, les visages sont partagés entre la satisfaction des uns et la déception des autres.
Emmanuel Greco, entraîneur du RC Pont-Audemer, ne masque pas sa frustration : « Nous sommes très déçus. On était venus chercher un résultat et on avait bien entamé le match. Mais des erreurs d’indiscipline nous coûtent cher. Jouer plus de 60 minutes à 14, puis 20 minutes à 13, ça use, ça pèse. Bernay a su être réaliste et exploiter nos fautes. Maintenant, il faut rebondir pour notre dernier match à domicile. »
Côté vainqueur, le co-entraîneur Rudy Gérard savoure ce succès capital : « C’est une victoire qui nous assure le maintien en Fédérale 3, et c’est tout ce qui compte. On a su être plus disciplinés que nos adversaires et mieux gérer la rencontre. Il y a encore du travail, mais cette victoire nous met en confiance pour la suite. »
De notre correspondant, Victor Cloarec
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