C’est une rencontre pleine de reconnaissance pour ses sauveurs. Thierry Josso, la soixantaine, revient de loin, de très loin. Ce plaisancier de Férel (sud du Morbihan) s’est rendu au centre de secours de La Roche-Bernard, pour remercier les sapeurs-pompiers qui lui ont sauvé la vie jeudi 30 janvier 2025, en pleine période des crues. Sauveurs et sauvé livrent à l’Echo de la Presqu’île un récit glaçant.
Une planche à voile en guise d’annexe
Thierry Josso possède un bateau de 10 m, amarré à un corps-mort à l’isle de Férel, dans le port de la Vilaine.
Mais l’embarcation n’a plus d’annexe.
C’est la quatrième fois qu’on me la vole. J’ai donc acheté une planche à voile pour remplacer l’annexe et je n’ai jamais eu de soucis jusqu’à présent.
« Je me suis senti partir »
C’est en tentant de dénouer des bouts emmêlés, en cette fin de matinée du 30 janvier 2025, que Thierry monte sur sa planche et bascule.
« Je me suis retrouvé dans l’eau, blessé à la main. Je n’ai pas pensé à traverser à la nage. La température de l’eau était la même que celle de l’air. Il y avait de plus en plus de courant et l’échelle de mon bateau arrivait au niveau de l’eau. J’ai essayé de remonter sur le bateau, mais je n’ai pas réussi. Je me suis senti partir ».
Il ne sent plus ses jambes
À bout de forces, Thierry, qui a réussi à jeter ses bottes sur son bateau, ne sent plus ses jambes qui s’engourdissent et s’endort par moments.
Sur la berge d’en face, il aperçoit une femme munie d’un téléphone. « En revenant à moi, j’ai essayé d’appeler à l’aide, mais elle était loin, tout au bout de l’île ».
Par chance, la femme entend son appel au secours, tout comme un jeune homme.
Une course contre la montre
L’alerte est enregistrée à 12 h 16. Pour les secours, la course contre la montre démarre par la localisation de la personne en difficulté.
Différents moyens sont alors déployés : un canot de sauvetage léger déployé depuis La Roche-Bernard, une deuxième équipe venue de Questembert, spécialisée dans le sauvetage côtier et pilotée par Frédéric Brunel, une ambulance, l’hélicoptère de la sécurité civile Dragon 56 et le SMUR de Lorient.
« Il faut faire vite et être efficaces »
Parti de la cale de Marzan dans un bateau léger de sauvetage avec les adjudants-chefs René Dubot et Mickaël Thomas, le chef des pompiers de La Roche-Bernard, le capitaine Patrice Ravache, raconte à son tour :
En cette période rouge crues inondations, avec un débit de 1 200 m2/seconde, il faut faire vite et être efficaces. J’ai vu la victime accrochée à l’échelle du bateau.
« J’ai entendu vos doigts craquer »
Se tournant vers Thierry Josso lors de cette rencontre un mois plus tard, le capitaine des pompiers, poursuit :
Je vous ai demandé de lâcher l’échelle, mais vous ne réagissiez pas et quand j’ai décroché votre main, j’ai entendu vos doigts craquer ! Il était 12 h 30.
En urgence absolue
Arrivé à la cale de La Roche-Bernard, le capitaine tente de réchauffer Thierry Josso avec sa veste de quart, « mais rien n’y fait. La victime était en urgence absolue, sa température ayant chuté à 29 °C », souligne Frédéric Brunel dans son rapport.
« Nous l’avons identifié et nous avons pris connaissance de ses antécédents médicaux à partir du numéro d’immatriculation de son bateau », poursuit-il.
Le semi-rigide des secours arrivera à temps pour sauver Thierry Josso.
Une issue heureuse
L’habitant de Férel est un miraculé. Déjà soigné pour des problèmes cardiaques, il est resté sept jours à l’hôpital, dont trois en soins intensifs.
Depuis, j’ai modifié l’échelle du bateau, en y ajoutant trois barreaux supplémentaires !
« Si on peut donner un conseil aux plaisanciers, c’est de mettre trois échelons de plus sur leur échelle et de prévoir un bout de secours », insiste Patrice Ravache.
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