Certaines affiches sont encore là, le vendredi 14 mars 2025. D’autres ont disparu. Dans la nuit du vendredi 7 au samedi 8 mars 2025, à l’occasion de la Journée internationale pour les droits des femmes, des affiches ont été collées dans de nombreuses rues de Lille. Elles arborent des noms de femmes célèbres. Derrière cette action faite dans l’ombre et visant à donner plus de place aux femmes dans l’espace public se cache un collectif qui a su se mobiliser en nombre, bien qu’il soit né il y a seulement quelques semaines. Une centaine de personnes a participé à ce projet, « pas pour remplacer les noms de ces hommes, mais pour mettre en lumière les femmes qui ne sont pas vraiment représentées », résume la représentante du collectif.
Une idée fédératrice : 650 noms de rues et places trouvés
Dans la nuit de samedi dernier, ils étaient 70 à coller des affiches dans les rues. En complément, une cinquantaine de personnes a aidé à « préparer le coup ». 120 personnes en tout, donc, se sont mobilisées autour d’un projet qui a commencé il y a seulement quelques semaines, et baptisé Place égale.
« J’ai eu cette idée fin janvier, de mettre des noms de femmes célèbres dans les rues », relate Maëlig, étudiante à l’origine de cette initiative. « J’en ai parlé autour de moi et beaucoup de gens ont été partants pour m’aider. C’est un travail collaboratif », insiste-t-elle auprès de Lille actu.
L’étudiante et ses proches, puis d’autres personnes qui se sont greffées, ont rempli un document partagé en ligne pour proposer des noms de femmes à la place de ceux d’hommes, actuellement affichés sur les panneaux de la ville. Le collectif a établi un bilan : il avance qu’à Lille, 4,3 % des rues portent le nom d’une femme célèbre, contre 56,3 % en faveur d’un homme.
« On a récupéré la base de données de la Ville répertoriant tous les noms. On a remplacé des noms d’hommes par des noms de femmes, en adéquation avec la profession », explique Maëlig. 650 noms de rues et places ont été « changés », en tout. Pour l’action du 8 mars, une sélection a été faite, pour recentrer ce travail sur Lille intra-muros. « On n’était pas assez pour mettre autant de pancartes », précise Maëlig.
Un travail d’équipe minutieux
Au cours de cette action, les noms de 344 rues ont été « changés » ! Pas de vandalisme mesquin ici cachant les noms initiaux ou prêtant à confusion, mais des affichettes blanches, simples, posées près des plaques réelles. Une opération de l’ombre, aussi bien préparée qu’un braquage. Des ingénieurs ont mis en place un outil pour permettre de regrouper les noms de rues et établir l’itinéraire des militants présents, le soir de l’action. « Tout le monde a fait une dizaine de rues », relate Maëlig. Chaque groupe a collé entre 50 et 80 affiches. « Nous avons connu des rebondissements, bien sûr. Au final, 1 500 affiches sur 2 500 ont été accrochées en 2 h, de minuit à 2 h du matin. »
Des remerciements et quelques tensions
Sur place, les militants ont rencontré des gens surpris, séduits par la démarche ou non. Via la page Instagram sur laquelle le collectif explique son action, de nombreuses réactions ont été recueillies. « On a eu des partages, des messages en privé. Certaines personnes nous ont remerciés, d’autres n’étaient pas contentes. » Un propriétaire, en particulier, n’a pas apprécié de trouver une affiche sur son mur. « On s’est excusé, on a expliqué qu’énerver les gens n’était pas notre but, on a présenté notre démarche. »
Un élan de créativité autour de cette action
En plus de cette action, les personnes qui ont suivi Maëlig dans sa démarche font plein d’autres choses. Une musique a été composée autour de l’action. Un communiqué de presse pour présenter le collectif et sa raison d’être a été réalisé en plus d’autres outils de médiation, dont une vidéo. Tout est soigneusement mis en ligne sur la page Instagram de Place égale. « Au début, c’était une opération ‘one shot’, mais on continue nos posts. On y présente les femmes qu’on a mises en avant, mais aussi les hommes. Certains ne sont même pas connus, avec l’habitude, on ne voit plus que le nom de la rue », exprime Maëlig.
Martine Aubry à la place de Pierre Mauroy, et après ?
Vous l’aurez peut-être remarqué. La rue Pierre-Mauroy, inaugurée il y a quelques années par Martine Aubry, a pris le nom du maire de Lille, cette nuit un peu spéciale. Le maire démissionnaire y a donc trouvé toute sa place, comme peut-être de futures rues et places dans un avenir plus ou moins lointain. La prochaine étape du collectif va être de réfléchir à des propositions concrètes pour les rues de la ville. « Pour cette action, on est resté généralistes, avec des noms de femmes célèbres du monde entier. Là, ce serait davantage réfléchi pour le territoire, que ça ait un sens à Lille ». Le projet est lancé.
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